II - La durée de séjour

Les durées de séjour portent sur des durées calculées à partir du moment où l’individu a quitté ses parents et après sa dernière migration hors de la ville. Si l’individu n’a pas quitté ses parents vivant en ville, nous considérons qu’il est originaire de Niamey et la durée de séjour en ville correspond alors à son âge. Dans l’enquête-ménages, nous avons pu reconstituer ces durées pour 1 300 individus.

La durée de séjour se décline sous deux aspects : la durée de séjour dans le quartier d’habitation et la durée de séjour à Niamey, les deux durées étant calculées après le dernier retour de migration. Or, elles sont fortement corrélées. En effet, le nombre moyen de déménagements après avoir quitté le foyer parental est de 2, ce qui est relativement faible. De plus, la comparaison des durées de séjour en ville et dans le quartier d’habitation (annexe 7) montre que la majorité des individus habitant depuis moins de 10 ans dans leur quartier actuel sont en ville depuis moins de 10 ans également. En conséquence, nous avons effectué un découpage de la population en fonction d’une combinaison des deux durées que nous appelons “ durée de séjour ”. Les modalités de cette caractéristique des parcours sont les suivantes :

Les ancrés sont plus âgés que les arrivants : les premiers ont 48 ans en moyenne contre 30 ans pour les seconds. En conséquence les ancrés se rapprochent des Niaméens quant aux caractéristiques de leur logement. Ils sont installés dans les périphéries lointaines (zone pauvre et villageoise) tandis que les arrivants se concentrent plus sur la périphérie lotie (zone dangereuse et pauvre). Ils sont propriétaires à 80 %, alors qu’un tiers des arrivants est hébergé gratuitement. Enfin, plus des deux tiers des ancrés habitent des concessions contre la moitié des installés et 40 % des arrivants, ces derniers se reportant plus sur les célibateriums leur permettant de se loger à un moindre coût en attendant leur propre logement ou une habitation plus grande. Enfin, les ancrés ont moins effectué d’études que les autres (70 % sont sans études contre un quart des arrivants). Les écarts de revenus sont en conséquence assez importants puisque les arrivants ont largement plus accès au secteur public et au salariat que les installés et les ancrés.

L’importance de l’effet de l’âge dans l’étude de la durée de séjour (graphe 5-1) montre ainsi la nécessité de passer par une typologie des individus prenant en compte l’âge avant d’en étudier l’influence. Ainsi, on trouve les arrivants et les installés dans des groupes équivalents en termes de richesse mais pas en termes d’âge. Par exemple, si les arrivants sont proportionnellement plus nombreux dans les groupes de jeunes actifs aisés, les installés le sont plus dans celui des adultes actifs aisés. Le statut des ancrés est différent : ils sont relativement plus présents dans les groupes d’actives ou d’inactives pauvres des ménages pauvres ainsi que chez les aînés actifs pauvres précarisés ou aisés et chez les inactifs des ménages aisés.