III - Les migrations en Occident

Les migrations en Occident sont celles effectuées après avoir quitté les parents. Elles concernent peu d’individus : 49 enquêtés ont déclaré avoir séjourné plus de 6 mois dans un pays occidental après avoir quitté leurs parents, soit moins de 4 % des 1 360 individus. Ce faible taux s’explique principalement par le fait que, comme nous l’avons exposé en introduction, contrairement à leurs homologues maliens ou burkinabés, l’Occident n’est pas la destination privilégiée des Nigériens et la population émigrée vers les pays du Nord reste très minoritaire. Néanmoins, ainsi que nous le verrons dans le paragraphe suivant, ces séjours impliquent des caractéristiques socio-économiques et des relations à l’espace urbain particulières.

Nous pouvons en avoir un aperçu par quelques observations préalables. En effet, par exemple, les migrants en Occident sont avant tout des hommes (à 90 %). Cette répartition s’explique par le fait que les raisons principales de départ sont les études et le travail, représentant à eux seuls 80 % des motifs de la migration. Or, les femmes ont des niveaux d’études très inférieurs à ceux des hommes et peu d’entre elles exercent une activité professionnelle. De plus, les séjours en Occident sont de moyenne durée (moins de 5 ans). Il faut aussi remarquer qu’en termes de composition des ménages, 43 % des épouses des migrants en Occident sont des actives, alors que ce n’est le cas que d’un quart de celles des non migrants. Avant que d’être l’indice d’un changement dans les moeurs, c’est le résultat d’une situation déjà observée précédemment : ce sont les riches qui épousent préférentiellement des femmes riches et actives. Or, les migrants en Occident ont une situation économique nettement plus privilégiée que les non migrants. Du fait de leur séjour hors Afrique, 71 % d’entre eux ont effectué des études supérieures contre seulement 9 % des non migrants. Ils ont ainsi accès à des postes fortement rémunérés dans la fonction publique : 78% des migrants sont actifs et gagnent en moyenne plus de 200 000 FCFA par mois. D’ailleurs les trois quarts d’entre eux sont des cadres supérieurs.

Cette richesse se traduit aussi dans les caractéristiques de leur logement. Un tiers des migrants habite des quartiers riches, contre 10 % des non migrants, et un autre tiers les périphéries loties. La villa est le type de logement choisie au détriment des autres formes d’habitation et notamment de la concession largement répandue chez les non migrants.