IV - Des parcours migratoires plus complexes

L’analyse générale de l’influence du lieu de naissance, de la durée de séjour et de la migration en Occident montre qu’il existe des points communs entre leurs effets respectifs, ce qui n’est pas dû au hasard. En effet, il existe un lien entre les trois caractéristiques du parcours migratoires (tableau 5-2). Il apparaît ainsi que les individus nés au village sont majoritairement des installés dans Niamey (45 % des villageois le sont effectivement). En revanche, les arrivants et les ancrés sont plus souvent des Niaméens puisque l’on retrouve dans cette catégorie à la fois des personnes n’ayant jamais quitté la ville et celles y revenant après une migration dans une autre ville ou dans un autre pays africain. Il faut ici noter que presque la moitié des Niaméens est composée d'ancrés. Enfin, les migrants en Occident sont généralement des installés en ville (56 % le sont) et peu sont des ancrés, leur migration ayant été effectuée depuis donc moins de 20 ans.

Durée de séjour
Migration et lieu de naissance
Arrivants Installés Ancrés Total
Non migrants en Occident        
Villageois 17 45 38 100
Niaméens 22 31 47 100
         
Migrants en Occident 15 56 29 100
         
Total 18 42 40 100

De plus, ces liens entre les différentes caractéristiques du parcours migratoire donnent un aperçu de la multiplicité des situations. De toute évidence, étudier les parcours migratoires par leur intermédiaire est réducteur. En effet, les individus ont généralement des parcours complexes. Les villageois comme les Niaméens peuvent être des arrivants ou des ancrés. Ils peuvent ou non avoir migré en Occident. A cela peuvent s’ajouter des migrations vers d’autres pays d’Afrique, vers d’autres villes et/ou vers un village (voir en référence la présentation générale de la population étudiée, chapitre 2). Nous avons expliqué dans la méthodologie les raisons du choix de ces trois caractéristiques : leur pertinence quant à l’étude des représentations et des pratiques spatiales en fait sans nul doute des indicateurs intéressants. Par ailleurs, nous en avons testé d’autres, comme les séjours dans d’autres pays d’Afrique ou les durées de séjour à l’étranger, qui n’ont pas donné de résultats aussi significatifs. Le caractère réducteur des indicateurs choisis est sans doute en partie compensé par leur prépondérance par rapport à d’autres caractéristiques des parcours migratoires.

En conclusion, pour le lieu de naissance, la relativement faible proportion globale de Niaméens implique que seuls cinq groupes de la typologie en comportent un nombre supérieur à 24 (annexe 8, tableau A8-1). Il s’agit des actives pauvres des ménages pauvres (119 individus au total), des actives aisées (94 individus), des jeunes inactives des ménages pauvres (116 individus), des jeunes inactives des ménages aisés (124 individus) et des adultes actifs aisés (145 individus). On peut remarquer ici qu’un seul groupe d’hommes sera étudié sous cet aspect.

En ce qui concerne la durée de séjour, neuf groupes d’hommes et de femmes peuvent être étudiés (annexe 8, tableau A8-2). Il s’agit de :

Enfin, le problème de l’étude des migrants en Occident vient du faible effectif de ce groupe (annexe 8, tableau A8-3). Or, il s’est avéré que c’est parmi les hommes actifs riches, et notamment adultes, que l’on pouvait les trouver. Nous avons donc choisi ces groupes comme référence pour notre étude en les regroupant. La répartition entre migrants en Occident et non migrants se fait alors de la façon suivante : sur un total de 297 individus, il y a 33 migrants, soit 11 % de cet échantillon. Comme tous ces individus sont arrivés à Niamey depuis 12 ans environ, la comparaison des migrants et des non migrants est ici représentative des effets de ce type de migrations.

Caractéristique par caractéristique, nous détaillons à présent, à sexe, âge et statut socio-économique équivalents, quelle est leur influence sur les rapports homme - espace.