IX - Types d’insertion et parcours migratoires
Nous pouvons ainsi conclure en reprenant les principales articulations identifiées entre les différents discours sur la ville et sur le quartier d’habitation.
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La ville, symbole de modernisation des mentalités : c’est l’image qu’en ont les migrants en Occident cadres supérieurs revenus depuis plus de 3 ans. Ils sont encore détachés de la solidarité traditionnelle mais apprécient le cadre urbain, les progrès observés et commencent à s’habituer à leur cadre de vie.
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La ville, symbole de modernisation des mentalités et de l’espace physique est celle des migrants en Occident cadres supérieurs revenus depuis 3 ans ou moins. Pour eux, montrer la richesse et la formation acquise passe à la fois par une valorisation de la ville mais en utilisant des critères occidentaux, c’est-à-dire qu’ils se conforment moins aux processus traditionnels d’insertion et de relations en prônant le développement “ à l’occidental ” de Niamey. De fait, leur quartier est un quartier “ signe ”, isolé socialement mais c’est un choix qui les satisfait en partie.
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La ville pratique, c’est un peu la ville des Niaméens revenus depuis 5 ans et moins. La ville c’est avant tout le lieu de toutes les opportunités par rapport au reste du pays. Ils n’oublient pas les réseaux relationnels qu’ils y ont tissés mais mettent l’accent sur un dynamisme lié au cadre même dans lequel ils évoluent.
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La ville rejetée correspond aux représentations qu’en ont les villageois non migrants arrivés depuis 15 ans et plus. Ils constatent en fait que leur long séjour en ville, s’il n’est pas encore explicitement définitif, les a familiarisés avec l’espace urbain. Ils trouvent certains avantages à se trouver là et mettent l’accent sur la fonctionnalité de leur quartier à défaut d’une sociabilité qui ne les satisfait pas.
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La ville cocon correspond plutôt à celle des Niaméens non migrants installés depuis plus de 5 ans. Leur repli sur le passé est très fort et leurs référents sont des repères dans une ville que, finalement, ils connaissent de moins en moins ce qui explique leur repli sur un environnement extrêmement familier, leur quartier d’habitation.
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La ville subie est la ville des villageois non migrants arrivés depuis moins de 15 ans. Ils vivent dans le regret de leur vie au village tout en sachant nécessaire leur migration vers la capitale à des fins économiques. Ils sont là dans un seul but, gagner de l’argent pour revenir au village, et cela même si leur séjour est plus long que prévu. C’est aussi la ville des migrants en Occident non cadres supérieurs, très critiques eux aussi par rapport à ce que peut leur offrir la ville même s’ils ont l’avantage d’y avoir des parents et des amis qui diminuent leur sentiment d’isolement.
Globalement les critères choisis interviennent donc de la façon suivante dans l’élaboration des discours spatiaux :
- - le parcours migratoire et notamment le séjour en Occident introduit de nouvelles références en matière d’évaluation de la ville ;
- - la connaissance de la ville (durée de séjour à Niamey, lieu de naissance), en augmentant, accroît la sensation de familiarité et modifie les perceptions ;
- - les conditions économiques conditionnent, selon les difficulté rencontrées à ce niveau par les individus, l’intégration de ces préoccupations dans les discours.
La combinaison des différents facteurs implique en conséquence une structure des discours basée, comme dans l’enquête-ménages, sur l’importance des liens sociaux et des racines, sur un apprentissage progressif de la ville et sur l’apparition de nouveaux repères sociaux faisant apparaître une forme d’individualisme dans les rapports traditionnels.