II - 2 : Construction d’une typologie de niveaux de revenus des ménages

Les niveaux de revenus des ménages ont été agrégés en trois groupes, de la même façon que pour les individus, avec les règles suivantes.

Si l’individu est sans conjoint, c’est lui qui détermine le niveau de revenus du ménage.

Dans le cas d’une famille composée d’un chef de ménage et d’une ou plusieurs épouses, nous classerons les ménages en fonction des revenus de ceux-ci. Diaz Olvera L. et Plat D. (1997) avaient assimilé quant à eux totalement le niveau de revenus du ménage à celui du chef de ménage et citent d’ailleurs Lachaud indiquant que, selon son étude sur plusieurs pays d’Afrique, ‘“ le chef de ménage est le principal support économique dans 50 à 80 % des cas ”’ (Diaz Olvera, Plat, 1997, p. 4). Ici, dans le cas où l’épouse est sans revenu, ou avec des revenus ne dépassant pas 50 000 FCFA par mois, c’est le chef de ménage qui détermine effectivement le classement du ménage.

Cependant, si l’épouse gagne plus de 50 000 FCFA, son revenu n’est plus considéré comme un revenu d’appoint. Il devient alors une source de revenus pour le ménage. En effet, sans remettre en cause totalement l’ordre social et les rôles attribués à chaque sexe, il apparaît que les femmes actives comptent sur leurs ressources pour participer à la subsistance de leurs enfants et de leurs proches (Leimdorfer, 1997). Ainsi, à Abidjan, ‘“ [...] certaines femmes réussissent mieux dans leurs activités [que les hommes] et sont à même de pourvoir aux besoins familiaux ”’ (Leimdorfer, 1997, p. 166). De même, Tiekoura (1997) indique dans son étude sur Niamey ‘que “ la crise a complètement bouleversé les pratiques en usage et un certain ordre établi dans les familles : le partage des responsabilités au sein du foyer notamment ”’ (Tiekoura, 1997, p. 333).

Les classements (tableau A4-2) se font donc de la façon suivante :

On pourra remarquer que le revenu de l’épouse est relativement moins pris en compte que celui de son mari. En effet, nous supposons ici que c’est ce dernier qui a la responsabilité financière d’un certain nombre de choix et que l’épouse n’aidera à les financer qu’à partir d’un certain niveau de revenus. Car le partage des rôles implique que les relations hommes-femmes ne peuvent pas encore être complètement remises en cause, sous peine d’éclatement du noyau familial (Pilon, 1996). Ainsi, si l’épouse gagne entre 50 et 100 000 FCFA et l’époux moins de 50 000 FCFA, le ménage est “ pauvre ”. Dans le cas contraire, il est “ modeste ”. De même, si l’épouse gagne entre 100 et 150 000 FCFA et l’époux entre 50 et 100 000 FCFA, le ménage est “ modeste ”. Dans le cas contraire, il est “ pauvre ”.

Epouses 
Chefs de ménage 
Sans épouses Pas de revenu 0 -
49 000
50 000 -
99 000
100 000 - 149 000 150 000 et plus
Epoux absent
X pauvres pauvres X X X
Pas de revenu
pauvres pauvres pauvres pauvres X aisés
0-49 000
pauvres pauvres pauvres pauvres X X
50 000 - 99 000
modestes modestes modestes modestes modestes X
100 000 - 149 000
modestes modestes modestes aisés aisés aisés
150 000 et plus
aisés aisés aisés aisés aisés Aisés
X : pas de ménages dans cette configuration

Note : peu de ménages (6) comportent plusieurs épouses actives. Nous les avons classés spécifiquement en comparant les revenus des épouses et du chef de ménage.