II - 1 : Cartes séquentielles

En dessinant des cartes séquentielles, l’individu se concentre sur les itinéraires et reconstitue la ville de Niamey par rapport à ceux-ci. Ce sont les cartes d’itinéraires où les routes sont les supports de l’information. Par rapport aux autres types de cartes, beaucoup de quartiers et de points de repère apparaissent (cinq quartiers et six repères en moyenne par carte) et le quartier d’habitation, point de départ et d’arrivée des trajets, est souvent représenté. Le zonage n’apparaît jamais, de même que, du fait de cette structure particulière, la ville n’est jamais représentée dans sa totalité. Mais le découpage d’Appleyard ne prend pas en compte la qualité de l’information ajoutée à celle des cheminements, mais plutôt la forme de ces derniers. Il existe ainsi différents types de cartes séquentielles. Les cartes en réseau représentent des systèmes routiers complexes, même si elles sont généralement incomplètes. En chaîne, elles ne sont structurées que par une route principale le long de laquelle l’individu greffe des routes secondaires de façon plus ou moins précise et exhaustive. Enfin, les cartes fragmentées sont les plus simples : elles consistent en des fragments de voies ou d’ensemble de voies, non liés entre eux et sans ordre structurant (Appleyard, 1970). C’est ainsi que, dans notre enquête, nous avons pu recueillir sept cartes séquentielles, dont quatre en réseau, deux en chaîne et une fragmentée.

Les cartes séquentielles en réseau (la carte A9-1) restent les plus complètes : huit points de repère en moyenne, relatifs notamment aux services publics. Trois d’entre elles indiquent aussi des quartiers. Mais seulement la moitié d’entre elles est bien orientée par rapport aux points cardinaux et elles comportent toutes des erreurs. Imprécises du fait de leur complexité, elles reflètent une bonne connaissance pratique de la ville (l’individu ne doit pas se sentir perdu) mais il n’en ressort aucune cohérence générale.

Les séquentielles en chaîne (carte A9-2) sont d’autant plus simples qu’elles ne comportent qu’un axe principal le long duquel se succèdent les quartiers et quelques points de repère (moins que pour les séquentielles en réseau). Les individus ont indiqué notamment les marchés, points essentiels de la ville. Cette simplicité entraîne la disparition d’erreurs mais aussi des imprécisions. La ville n’est pas connue : la vision en est très parcellaire, la carte est généralement mal orientée et le fleuve n’est représenté qu’une fois sur deux.

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Enfin, la carte séquentielle fragmentée recueillie (carte A9-3) représente la mieux la vision utilitaire et incohérente de l’espace urbain. Il n’y a pas de ville, il y a des lieux, plus ou moins reliés entre eux. Trois quartiers sont indiqués, dont le quartier d’habitation. Le lieu de travail est lui aussi dessiné, ainsi que le centre-ville et l’aéroport. L’individu semble fréquenter la ville mais en des lieux précis qu’il a du mal à relier entre eux. Cependant la carte ne comporte pas d’erreurs de positionnement relatif, même si elle est mal orientée sur l’axe Nord-Sud. Le fleuve est même indiqué et l’individu a tenté de représenter l’ensemble de la ville.