IV - Cartographie mentale et migrants en Occident

L’étude entreprise sur les migrants montrait, au niveau de leurs discours, l’influence à la fois des statuts professionnels et de la durée de résidence.

Il est plus difficile de faire une étude aussi détaillée sur les cartes. Néanmoins, nous pouvons trouver quelques tendances dans la comparaison des cartes effectuées en fonction des critères identifiés comme discriminants dans les représentations spatiales des migrants en Occident.

Tout d’abord, si l’on pose l’hypothèse que 3 ans est une durée de séjour en ville marquant une transformation des relations à l’espace, comme il a été observé précédemment, il apparaît (tableau A9-1) que plus le temps passe, plus les cartes de la ville sont de type spatial et intérieur, ce qui correspond effectivement à une meilleure connaissance à la fois de son quartier d’habitation et de la ville en général. En ce qui concerne cette dernière, les individus raisonnent globalement moins sous forme de cheminements et arrivent mieux à positionner les lieux les uns par rapport aux autres sans se préoccuper des itinéraires.

Types de cartes Cartes de la ville Cartes du quartier d’habitation
Durée de séjour Cartes séquentielles Cartes spatiales Cartes extérieures Cartes intérieures
3 ans ou moins 5 2 3 4
Plus de trois ans 2 1 1 2
         
Total 7 3 4 6
Les chiffres représentent le nombre de cartes par catégorie.

Quant à la fonction exercée, plus elle est élevée dans l’échelle sociale, plus les cartes de la ville sont de type séquentiel et les cartes extérieures du quartier (tableau A9-2). Ici, ce n’est plus la connaissance des lieux qui apparaît directement mais le type de pratique et les effets de la richesse. En effet, une carte extérieure n’est réalisable que si l’individu a les moyens de se déplacer largement en ville et donc est favorisée lorsque l’individu possède une voiture. Les cartes intérieures du quartier d’habitation montrent un attachement ou une pratique plus soutenus de l’environnement du logement. En fait, la notion même de proximité et le flou lié à sa définition sont sans doute ici mis en valeur. Les individus non cadres supérieurs connaissent leur proche voisinage, ont des amis sur quelques rues mais le quartier est une zone trop grande pour être pratiquée à pied et ils possèdent moins de modes de transport individuels que les cadres supérieurs. Ces derniers ont des espaces pratiqués plus étendus, peuvent plus largement circuler et donc connaître leur quartier. Il se peut aussi que ceux qui ne sont pas cadres supérieurs, parce qu’ils ont plus de difficultés financières, se soient vu imposer un quartier dans lequel ils ont peu de connaissance et ils fréquentent d’autres zones.

Types de cartes Cartes de la ville Cartes du quartier d’habitation
Fonction exercée Cartes séquentielles Cartes spatiales Cartes extérieures Cartes intérieures
Cadres supérieurs 4 2 2 4
Non cadres supérieurs 3 1 2 2
         
Total 7 3 4 6
Les chiffres représentent le nombre de cartes par catégorie.