La didactique et l’activité des élèves

‘L’élève est un être de culture qui, par les apprentissages qu’il réalise, renforce ou non ses accords implicites avec les modes de pensée de la culture. Ainsi apprendre à danser équivaut à danser pour apprendre.’

Un autre aspect des travaux en didactique heurte notre approche culturelle.

Ces derniers ont permis en effet, d’élaborer des savoirs transformés dont on peut mesurer les problématiques d’acquisition. Les obstacles à surmonter sont identifiés, anticipés. L’acte d’enseignement se construit en tension entre deux pôles qui s’inscrivent dans des temps différents : en amont des apprentissages, celui des objectifs à atteindre, des opérations à construire, en aval, les compétences attendues. Les élèves sont là perçus comme des êtres dont PIAGET a analysé le développement intellectuel. Ce dernier passe de l’action motrice à la connaissance abstraite au travers de grands stades de développement. La méthode génétique d’investigation laisse apparaître une approche qui se veut universelle, et ne tient pas compte des influences de l’environnement social et culturel. La psychologie cognitive bouleverse ce modèle en considérant le psychisme à l’image de l’ordinateur, traitant de l’information et effectuant des opérations logiques. Toutes ces connaissances du développement de l’intelligence mettent en avant l’idée que l’enfant apprend en étant actif, grâce à des situations suffisamment riches en informations pour construire des réponses élaborées qui transforment les représentations initiales en nouvelles acquisitions.

Cependant, ces situations sont toujours artificielles et procèdent d’une construction de l’enseignant qui ne prend nullement en compte les pressions culturelles au coeur des apprentissages et des situations d’enseignement. L’élève est toujours pensé comme un être sans culture ou autrement dit, sans passé intégré dans les multiples significations que requiert la vie sociale. Il est toujours considéré dans un devenir, attendu, évaluable aujourd’hui en terme de compétences. L’enseignant s’efface derrière les situations pédagogiques créées artificiellement en rapport avec les compétences attendues.

La didactique propose des outils pour favoriser les apprentissages qui peuvent être utilisés partout.

La didactique semble parfois oublier qu’apprendre est un acte éminemment culturel qui engage des personnes dans une relation non homogène, qui incite sans cesse à la négociation, à l’échange lui même contextualisé.

Il est de notre désir d’envisager cette réalité mouvante d’où va naître l’honnête homme. “‘Un honnête homme, c’est un homme mêlé’” disait MONTAIGNE. Nous aimons à le rappeler. Apprendre n’est pas se conformer. Enseigner n’est pas intégrer. L’acte d’enseignement est une alchimie plus ou moins heureuse qui transforme, questionne nos liens culturels.

‘“Je ne peux pas supporter l’idée que notre marge de manoeuvre artistique se limite à rester en l’état ... J’ai besoin de changer de cap, d’orientation, de prendre de nouveaux risques. Changer, plutôt que rester dans une modernité convenue, équivaut pour moi à vivre” 45 .’
Notes
45.

RAFFINOT.(F). op cit. p 32.