LE PROGRAMME D’ENSEIGNEMENT : UN MODELE DE “PRATIQUANT CULTURE” SOUS INFLUENCE.

LES PROGRAMMES EPS DE 1985 ET LEURS COMPLEMENTS.

Les textes officiels sont les référents éducatifs des enseignants. Chacun d’entre eux leur permet de se représenter l’image d’un élève éduqué : un élève qui s’est approprié un certain nombre de connaissances et de savoirs, qui, dans le cadre de l’éducation physique passe par une modification des habiletés motrices, une intégration de règles pour agir seul et avec les autres, ainsi qu’une méthodologie concernant les apprentissages à réaliser. De cet entrecroisement de mises en oeuvre naît notre modèle. Nous souhaitons, à la lecture des textes voir émerger le “pratiquant culturé” de chaque période. Celui des années 1985 à 1988 illustre notre démarche. (voir annexes 5, 6, 13 Partie II pour les autres périodes).

‘L’éducation physique et sportive change de tutelle en 1981 et de programme en 1985.’

Jusqu’alors sous la tutelle du ministère de la jeunesse et des sports, l’EPS devient une discipline d’enseignement à part entière en 1981. Cette reconnaissance est, pour tous les enseignants, un heureux dénouement à leur lutte pour imposer les enjeux éducatifs des activités physiques à l’école. De nombreux travaux didactiques menés depuis plusieurs années vont pouvoir enfin s’exprimer par l’intermédiaire des nouveaux programmes.

Nouveaux programmes pour un nouveau collège, que le ministre CHEVENEMENT définit comme un lieu, où les élèves doivent réussir mieux, afin de “‘permettre à un nombre accru d’élèves d’accéder aux lycées’”¹²⁴. Les savoirs enseignés doivent faire l’objet d’un “examen approfondi”. La reconnaissance des chemins différents pour apprendre doit inviter les enseignants à l’initiative pédagogique. Les changements politiques de 1981 conduisent à l’installation d’un gouvernement de gauche et provoquent en effet, un élan dans le système éducatif. Un nombre important de postes d’enseignants réclamés depuis longtemps sont crées. Un appel à la modernisation de l’Ecole, grâce à la décentralisation incite aux projets des établissements prenant en compte les réalités locales. Le collège de la réussite de tous est lancé.

La situation économique et sociale n’est cependant pas bonne et le changement politique est également attendu pour régler une crise qui génère le chômage. La précarité, pour un nombre croissant de la population, s’installe et entraîne des effets pervers, notamment dans les banlieues qui prennent des allures de zones sinistrées. L’Ecole ressent très fortement ces difficultés. Le lancement d’un renouveau dans les collèges correspond à des situations où l’enseignement ne peut plus être conduit comme avant, dans l’obligation qu’il est de favoriser la réussite de tous. La nécessité de ré-insérer une jeunesse, dans un contexte socialisé, incite tous les responsables à réorganiser la vie scolaire. La société de consommation et le libéralisme économique assignent à chacun, le pouvoir factice d’organiser individuellement sa vie. Le processus d’individualisation se poursuit en même temps que s’accroît la demande de responsabilité sociale. Les premiers effets de la décentralisation se font sentir. Les prises de pouvoir, les orientations politiques et les ressources financières ne vont pas toujours de pair, perturbant une habitude de gestion centralisée de l’état. Dans le cadre de l’autonomie des établissements scolaires, les personnels restent encore attentistes, et démunis devant les nouvelles obligations.

Les années 1980 sont à la fois des années d’espoir pour tous ceux qui vivent la crise économique, et en même temps des années de mutations profondes où l’idée de progrès de l’humanité est remise en cause, tout comme le sont les questions d’urbanisme, d’industrialisation, de socialisation par le travail. Les valeurs attachées au travail sont remises en cause, sans pour autant être remplacées. L’Ecole se trouve dans une position inconfortable, car rien ne change concernant le rapport au travail scolaire. Elle doit donc trouver d’autres méthodes pour accueillir au mieux tous les élèves, et favoriser la réussite de tous dans les apprentissages. Les textes officiels tentent de démontrer ses nouveaux choix tant dans l’affirmation de la mission éducative, que par les méthodologies à mettre en oeuvre.