La sensibilité

‘Elle évolue dans les derniers modèles vers des registres plus ouverts. Le rapport musique-mouvement est l’’lément de continuité.’

La sensibilité occupe une place différente selon les modèles, même si nous constatons quand même une évolution qui tend à minorer cet élément du point de vue quantitatif, lorsque nous le comparons aux autres éléments.

Les deux premiers modèles (1959 et 1967) accordent la deuxième place en quantité de discours. Ils font référence à la correspondance musique/mouvement qui semble être l’apprentissage majeur à réaliser (voir annexes 5 et 6 partie II).

Tous les autres modèles, à partir de 1985, font apparaître un déséquilibre au détriment du pôle de la sensibilité. Le modèle de 1985 en est la caricature : 9,6 % du discours global évoque la sensibilité, qui, identique à celle du modèle de 1967, se résume dans la recherche de correspondance de la musique et du mouvement.

Les modèles APA 6ème de 1996, celui de danse traditionnelle et de danse jazz, se ressemblent : la sensibilité est quasiment absente et privilégie la catégorie un ‘sur le graphique série 1, rouge)

Les modèles de danse contemporaine, comme le modèle APA 5ème et 4ème, accordent un peu plus de place à la sensibilité, et surtout modifient sa qualité. Les catégories deux, trois et quatre apparaissent. Il n’est plus fait référence à la musique mais au monde sonore en général, les émotions et l’imaginaire deviennent des manifestations nouvelles de la sensibilité.

Les modèles APA 5ème, 4ème, et celui de danse contemporaine pour le même niveau sont ceux qui sollicitent le plus une sensibilité diversifiée qui contribue à l’équilibre du modèle et à sa cohérence.

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Graphique 6 : Sensibilités.

Nous observons bien la présence continue de la catégorie un (rouge) dans tous les modèles. Cette catégorie renvoie à l’ensemble des perceptions sensorielles. L’importance accordée à la correspondance musique/mouvement est notable et favorise une qualité sensible, dont l’histoire de la danse est porteuse, et incite à danser d’abord pour traduire une musique. Cependant, une rupture dans la qualité sensible s’exprime à partir de 1988 (modèle UNSS voir annexe). L’analyse qualitative des mots employés permet de le constater. La notion omniprésente de “correspondance avec la musique” tend à se modifier en faveur d’un registre perceptif plus ouvert à l’ensemble des capteurs sensoriels et ceci pour tous les modèles 1996-97.

Les modèles qui s’appuient sur la danse contemporaine sont ceux qui ouvrent le plus le registre de la sensibilité, que ce soit au niveau des capteurs sensoriels sollicités, qu’à celui de l’imaginaire et de la perception esthétique.

L’évolution des valeurs, en faveur de l’art, incite à l’enrichissement de la sensibilité et ceci de manière caractéristique lorsque la danse contemporaine est la pratique de référence. Cependant, alors que des discours plus généraux témoignent de l’importance des pratiques artistiques pour le développement de la sensibilité, les modèles proposés l’évoquent à peine. Les didacticiens de la danse ont-ils préféré ne pas développer un pôle difficilement évaluable objectivement ? La sensibilité reste-t-elle encore un aspect de la personne qui échappe à la rationalité scolaire ?