Les enseignants experts (E+)

L’enseignante “K”

‘Elle enseigne la danse en dehors des programmes d’enseignement, dans le cadre de l’UNSS.’

“K” : 33 ans, est en formation à l’UFRSTAPS de Marseille pendant les années de 1984 à 1989. Elle est spécialiste en danse mais au concours de recrutement (CAPEPS), elle préfère assurer sa réussite avec une performance en athlétisme. Elle évite alors la subjectivité du jury, élément déterminant en danse. (voir annexe 7 Partie III)

“K” accorde à la danse une valeur artistique, une fonction de communication qui permet aux danseurs de s’exprimer, grâce à un spectacle, dans le but d’être regardé par des spectateurs.

“K” est très volubile. Elle n’hésite pas à se mettre en mouvement pour accompagner sa parole. Son vécu de danse en modern’jazz est important. Elle aime bouger, reproduire des enchaînements, des techniques qu’elle ne craint pas de citer, et même de démontrer pendant l’entretien.

La création, l’invention, le côté “psy” de la danse contemporaine la bloquent, la “barbent” dit-elle. Elle monte des spectacles, prend et donne des cours.

Pour créer, il faut des “billes”. Alors elle accumule les diagonales, le vocabulaire technique, les enchaînements. Elle dit qu’en prenant de l’âge, elle évolue petit à petit vers la danse contemporaine, avec une envie de mouvements plus coulés, plus fluides, plus ronds pour ne pas se blesser.

Par la formation continue, elle vit des situations qui associent le travail technique à des images. Ce qui lui semble très riche pour ses élèves.

Elle va au spectacle souvent (6fois par an), Béjart reste la référence privilégiée, et elle parle de son goût pour la perfection. Elle cite aussi DECOUFFLE, RICCI avec qui elle a beaucoup travaillé, et CARLSON.

“K” enseignante, définit la danse scolaire comme moyen d’expression dans le cadre d’un spectacle.

Les élèves ont besoin d’apprendre des enchaînements d’actions pour mettre en jeu leur corps dans l’espace. Ces enchaînements sont autant d’outils qu’ils utiliseront dans leur recherche. Les images, les thèmes, la musique sont des points de départ pour la création. Les relations entre les élèves sont spécifiques selon les rôles tenus : partenaires, danseurs, ou spectateurs. Vivre une activité de communication, produire une chorégraphie ayant un sens, une émotion, sollicitent une motricité nouvelle, élaborée et anticipée. L’enseignant ne doit pas laisser les élèves livrés à eux-mêmes. Il doit proposer un apport technique par des enchaînements. Puis dans un second temps seulement , la création d’une production est possible. L’expression ne peut pas être première.

‘« K » est un modèle de « pratiquant culturé » activiste.’

La définition que l’enseignante donne de la danse articule les valeurs avec la socialisation et l’intelligibilité. Ainsi, s’exprimer pour faire un spectacle intègre la notion de rôles différents de danseurs et de spectateurs, qui doivent communiquer. Le “quelque chose” qui est transmis se précise ensuite dans le discours. Il s’agit d’un sens, d’une émotion exprimés par une mobilisation corporelle.

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Graphique 26 : K.E+. Valeurs : s’exprimer pour faire un spectacle.

Le graphique qui représente son modèle montre le déséquilibre en faveur de la motricité.

Danser, c’est d’abord se mettre en actions de diverses façons. Les catégories (sur le graphique appelées séries) deux, trois et quatre sont largement présentes. La première (en rouge) qui représente les notions de formes, de mouvements peu précisés est la plus faible et ainsi confirme le goût de “K” pour la précision des gestes.

Cependant, celle-ci souligne, pendant l’entretien, qu’elle oblige les élèves à se produire devant les autres à toutes les séances. Cette intention tend à réduire l’écart entre la motricité et les autres pôles, très présents dans l’acte de communication.

La créativité et l’imaginaire, sont peu évoquées et semblent, malgré les intentions de l’enseignante, assez marginaux dans son enseignement. Elle exprime d’ailleurs la difficulté à mettre en place une didactique de la danse qui ne soit pas réductrice, soit du point de vue technique, soit du point de vue créatif.

Le discours abondant pendant l’entretien est tout à coup interrompu, lorsque nous lui demandons d’énoncer 5 mots qui viennent immédiatement à l’esprit pour caractériser la danse scolaire. La relation à la créativité, à la spontanéité semble toujours bloquée, tout comme le premier vécu de danse contemporaine que “K” a mentionné par ailleurs.

Ce modèle repose sur celui de 1996 et s’articule de la même façon. Utilisation des techniques gestuelles variées pour produire un projet expressif qui sera apprécié. L’expression personnelle est prise en compte dans la tenue de rôles dans un spectacle. L’activité de représentation est largement installée. Le problème de l’art n’est toutefois pas posé clairement bien que la communication évoquée s’insère dans les pratiques artistiques.

Si le modèle paraît déséquilibré, il est relativement discursif et ouvert, compte tenu de l’ensemble des catégories représentées. La sensibilité reste le pôle le plus fragile tant sur le plan quantitatif que qualitatif.