L’éducation physique au collège.

Les objectifs et l’organisation de l’EP. Les instructions de 1945 et leur compléments de 59.

Les instructions de 1945 s’inscrivent dans l’histoire de la formation des cadres de l’éducation physique qui se caractérise par des méthodes de gymnastique correspondant toutes, à des conceptions et des connaissances du corps différentes. La recherche d’une méthode unique d’éducation physique crée plus une querelle de méthodes qu’un consensus. Les textes officiels incitent tout d’abord les enseignants à se libérer des contraintes d’une seule méthode d’éducation physique. Ils rappellent à travers des principes généraux, les objectifs éducatifs. Ceux ci expriment, de fait, une vision plutôt éclectique de la formation, reprenant tous les aspects jugés positifs des méthodes : ‘“-- Développement normal de l’enfant, recherche d’attitudes correctes, amplitude respiratoire. -- Habitude du geste naturel, développement de l’adresse, de la vitesse, de la force de la résistance. -- Affinement du geste, développement de l’esprit d’équipe, de la discipline, de la virilité, de l’altruisme, préparation à la vie sociale’.”

Un plan d’ensemble d’organisation de l’éducation physique est proposé selon les âges de la scolarité. Les deux périodes qui nous concernent, envisagent différemment les enfants de 10 à 13 ans, et les adolescents de 13 à16 ans, ainsi que les filles et les garçons. Les textes incitent à pratiquer les exercices naturels et utilitaires, les jeux, jeux préparatoires aux sports collectifs.

Pour les filles, les danses populaires, et les exercices de maintien. (10, 13 ans).

Les plus âgées, doivent se livrer aux exercices de maintien, aux jeux, exercices naturels et utilitaires, aux exercices préparatoires à une éducation sportive. Les assouplissements du geste et la rythmique sont recommandés pour les filles. (13, 16 ans ).

Nous pouvons remarquer l’importance accordée à la forme du geste, dans ses rapports avec la norme : le geste est juste, correct, et en lien avec son utilité sociale. Ces volontés d’éducation motrice reposent sur les connaissances scientifiques du moment et répondent à des préoccupations sociales. Vigarello191 démontre comment les modèles se construisent, à partir d’une connaissance du corps humain qui le considère comme une structure osseuse, une mécanique dont il convient de corriger les mauvaise attitudes. Les enjeux sociaux sont d’importance et cohérents. La société a besoin d’hommes physiquement utiles et dont les potentialités doivent être développées (vitesse, force, résistance) et aussi d’hommes solidaires sachant vivre ensemble. La reconstruction du pays après la guerre s’impose et exige des hommes fraternels et en pleine santé physique.

Il apparaît une seule différenciation filles, garçons, dans l’ensemble des contenus d’enseignement, et elle concerne l’enseignement de la danse. Pour les plus jeunes filles, les danses populaires s’accouplent avec les jeux. Nous pouvons nous interroger sur ces choix : qu’est-ce qui peut rassembler dans une même intention, jeux et danses populaires ? La motivation, la notion de plaisir, l’aspect ludique ?

Les textes conseillent aux plus âgées de pratiquer la rythmique. En effet, la gymnastique de maintien, les assouplissements, en s’appuyant sur des supports rythmiques sont préconisés. L’enseignement s’attache à la forme du mouvement dans une recherche d’esthétique et de correspondance avec la musique.

Les instructions du 20 juin 1959 apportent des précisions en attendant une réforme de l’enseignement de l’EP à l’étude. “Des principes doivent être systématiquement respectés”. Ils concernent l’organisation de la leçon, en deux temps : gymnastique construite, gymnastique fonctionnelle et initiation sportive.

Les effets recherchés n’ont pas changé : effets d’éducation et correction des attitudes, amélioration de la santé. Viennent s’ajouter des effets d’ordre psychologique, esthétique et social. Les compléments d’instruction rappellent aux enseignants que l’exercice à une valeur éducative, qu’il doit être progressif, motivant, et maîtrisé. Ce rappel est d’autant plus fort, que dans les pratiques d’enseignement, les activités sportives deviennent de plus en plus importantes et apparaissent encore, aux yeux des législateurs, comme des jeux physiques sans valeurs éducatives contrairement aux gymnastiques qui mettent en avant l’éducation de la personne (norme, correction, maîtrise). Afin de mesurer les écarts entre les demandes institutionnelles et les pratiques d’enseignement, il est utile de faire un rapide panorama de l’éducation physique du moment.

Notes
191.

VIGARELLO. G. “Le corps redressé, histoire d’un pouvoir pédagogique”. Delarge.Paris.1978.