ANNEXE 13 Partie II.

LES PROGRAMMES DE 6ÈME ET DE 5ÈME, 4ÈME , ET LEURS TEXTES D’ACCOMPAGNEMENT.

‘“ L’oeuvre chorégraphique possède un élément déterminant de la définition même de la danse comme art : l’actualisation d’une expérience de corps unique, précipitation de temps et d’espace en rapport avec une perception témoin, et la relation qui s’établit de corps à corps, dans une durée partagée. Cette actualisation n’est pas seulement circonstancielle par rapport à l’oeuvre ; elle fait partie de sa définition même, même si elle provoque une rupture dans le continuum de son expérience, car elle fait surgir un tout autre état du matériau chorégraphique. L’état partitionnel lui-même contient en suspens toute la poétique de la mise en acte spectaculaire” LOUPPE Laurence.240

L’éducation physique ne cesse d’être en débat : débat sur les programmes et l’idée de curriculum structuré nationalement, débat sur les contenus d’enseignement, débat sur les évaluations à mener, débat enfin sur la façon de formaliser les pratiques éducatives. A partir de l’année 1994, un grand nombre d’enseignants est sollicité pour participer à l’écriture des programmes. Les différents courants pédagogiques s’affrontent, par académie interposée. Ils s’accusent, ou bien de se centrer sur l’apprenant, et donc de proposer une EPS formelle ; ou bien de s’appuyer sur les pratiques sportives et de ne présenter que des modèles stéréotypés d’actions motrices. Une première écriture et formalisation de l’éducation physique en domaines d’actions est repoussée, et empêche la publication des programmes de 6ème dans le même temps que les autres disciplines. Ils paraissent en juillet 1996 et sont mis en application dès la rentrée de septembre.

L’école en général, le collège en particulier ne se porte pas très bien, en raison d’une situation économique et sociale difficile, qui remet en cause une de ses finalités, celle d’intégrer les jeunes dans le monde professionnel. Les inégalités sociales s’accroissent et la précarité des familles au chômage augmente, ce qui touche en premier lieu l’école. Les déstabilisations familiales, la perte des valeurs et donc de l’autorité, compromettent la possibilité d’éducation des jeunes. Les exclusions créent la violence, la révolte, et la vie sociale du collège se trouve menacée. Parallèlement, les concepts du monde du travail envahissent l’école. Les notions de compétences, d’expertise viennent supplanter les notions d’acquisitions de savoirs, de transmission de connaissances. La compétitivité reste grande pour ceux qui bénéficient d’un travail.

Le collège, face à ces difficultés, a la charge de tous les pré-adolescents et doit permettre la réussite du plus grand nombre. Les projets d’établissement doivent répondre aux besoins des populations scolaires, ils doivent offrir des parcours individualisés afin d’intégrer l’ensemble des jeunes au système scolaire. Ces projets ont la charge, aussi, de l’éducation à la vie sociale, à la citoyenneté. Une nouvelle structuration des cycles est mis en place et semble répondre aux nouvelles obligations du collège. Le cycle d’observation correspond à la classe de 6ème, moment transitoire entre l’école primaire et le collège pour évaluer les difficultés des élèves et leur besoin de formation. Le cycle central (5ème,4ème), “coeur même du collège “241, offre une éducation qui se veut en continuité sur les deux ans, et adaptée aux élèves. Le cycle d’orientation (3ème) doit permettre d’envisager les poursuites de la scolarisation en fonction des intérêts et goûts des élèves.

Les pratiques sportives continuent à se développer et prennent de plus en plus de place dans la société médiatique. Le sport-spectacle rassemble les foules avec toutes les dérives financières, tricheries et dopage. Il importe donc, plus que jamais, de distinguer l’éducation physique et sportive des pratiques sportives ; la question d’une culture scolaire est donc d’actualité bien que vécue de façon conflictuelle, autant par les enseignants que par les élèves. Les pratiques dansées se multiplient et expriment une revalorisation du corps dans la vie quotidienne qui est attachée à une prise en compte de la santé et de sa prévention. Les expressions artistiques sont multiples et sont autant de références possibles. Il n’y a plus de grands modèles culturels et les expériences personnelles deviennent essentielles. Les identifications diverses sont accessibles et contribuent à la résurgence “des tribus”, phénomène bien décrit par MAFFESOLI242, qui signale que ces identifications variées s’accompagnent d’un présenteisme fort et d’un besoin de vivre ensemble des émotions qu’il définit” comme une manifestation de l’esthétique” .

L’’élaboration des programmes est une réponse aux besoins du Collège de se créer une référence scolaire originale intégrant les avancés dans le domaine de la didactique. L’appropriation active des savoirs passe par l’élaboration de compétences, termes utilisés par tous ceux qui s’occupent de formation professionnelle dans un système économique exigeant des adaptations multiples à des tâches professionnelles impliquant de la mobilité.

Notes
240.

LOUPPE L. “Poétique de la danse contemporaine”.Librairie de la danse.Contredanse. Bruxelles.1997. 309 p.

241.

BOISSINOT A. Avant propos du programme du cycle central. 1997.

242.

MAFFESOLI M. “Aux creux des apparences”. Essais Paris. 1993.135 p.