La danse, témoignages d’enseignants : Analyse d’un modèle.

Si la revue EPS (années 1996, 1997) fait état d’un grand nombre d’articles concernant la danse, la place qu’elle occupe dans les programmes scolaires est “minime, de l’ordre de 2 à 3 % si l’on s’en tient aux leçons observées en inspection”. Dans le cadre de l’UNSS, la prise en compte du nombre de licenciés dans les 36 activités proposées, classe la danse en 13ème position. Cependant, l’affirmation institutionnelle des activités artistiques incite les enseignants à des demandes de formation. La revue EPS s’en fait l’écho, et la majorité des articles apporte des contributions à la pratique artistique et à ses enjeux. La danse contemporaine est la référence pour cinq d’entre eux, deux autres évoquent le travail en partenariat avec un chorégraphe, et avec un musée.

Cinq articles concernent des pratiques sociales (folklore (2), hip-hop, flamenco, rock);

Deux articles sont des témoignages de mise en activité en danse.

Un article retient notre attention. Il date de 1995, et s’intitule “Apprentissage fondamental”. Il est le dernier à positionner la danse à travers des concepts fondamentaux, élaborés à partir d’expressions artistiques variées que l’auteur prend soin de nommer. Il est question là, d’un pur produit de danse éducative et créative, un modèle scolaire possible que nous allons tenter d’analyser à travers notre filtre de lecture.

Les valeurs de création et de recherche artistique sont soulignées. La danse est un une oeuvre.

La motricité est envisagée sous un double aspect : la formation corporelle permet la disponibilité, grâce à un travail du corps qui relie en permanence la sensibilité et le mouvement (inter-action squelette, groupes musculaires, et imaginaire). “Les matériaux fondamentaux” sont désignés et permettent l’émergeance de constituants tels que “‘le corps, l’espace, le temps, le poids, les intensités, les contacts, les interactions’”. Ces paramètres sont en interactions permanentes et peuvent être combinés à l’infini et donnent du sens, favorisent les divergences poétiques ou non du mouvement.

La sensibilité, l’expérimentation sensible, l’approche sensible de la matière, l’imaginaire, sont souvent évoqués. “‘De l’interaction entre l’idée et les sensibilités interceptives et extéroceptives résulte le sens profond du geste’”.

La sociabilité insiste sur les contacts qui “s’établissent entre les danseurs, ils font l’objet de traitements particuliers ... les interactions multiples entre les personnes...”

L’intelligibilité révèle la dialectique entre la pensée rationnelle et la pensée en image. Les liens entre l’idée et les sensibilités interceptives et exteroceptives, semblent marquer l’originalité d’accès aux éléments de la connaissance.

Il paraît très intéressant de montrer comment ce modèle est en interaction permanente. Un pôle n’existe pas sans une relation avec l’ensemble. L’auteur dit “se nourrissent réciproquement”.

La démarche pédagogique proposée, est expliquée comme suit : faire ressentir, reproduire, intégrer, analyser, mémoriser. Faire appel aux représentations mentales et au pouvoir d’inductions kinesthésiques. Utiliser des médias variés.

Guerber-Walsh propose dans cet article “‘une démarche créative et ouverte qui fournit une base pour tout enseignant, quelle que soit sa formation initiale’”243. Cette intention louable pose la question quand même, des références culturelles multiples dont fait part l’auteur, et qui lui permettent de proposer ce modèle très dynamique. Références, faut-il le préciser dont sont privés les enseignants sans formation.

Leurs véritables références sont les textes officiels que nous nous proposons maintenant d’analyser.

Notes
243.

GUERBER-WALSH N. “L’apprentissage fondamental à l’école”, in, revue EPS n°254. 1995. p56.