Comparaison des 2 modèles :

Comme nous l’avons déjà repéré, le modèle APA se veut intégrateur et donc laisse la possibilité d’interprétations variées. Ainsi, nous pouvons constater que “le projet expressif conduit selon une démarche de création” prend des formes différentes selon les danses proposées : la danse contemporaine met en avant une composition chorégraphique personnalisée en fonction d’un thème. La danse jazz présente une composition chorégraphique indissociable de la musique.

Les propositions du modèle APA concernant la motricité incite à une lecture moins divergente : pour les trois modèles, il convient d’apprendre des techniques spécifiques. La danse jazz annonce clairement la technique gestuelle nécessaire à partir des supports musicaux. La danse contemporaine, à l’image du modèle APA reste plus floue et permet, semble-t-il, l’utilisation de diverses techniques d’expression.

La sensibilité évoquée dans le modèle APA, spécifie les qualités du mouvement en rapport avec la musique, et aborde les notions d’esthétique et d’interprétation. La danse contemporaine incite à l’expression d’une intériorité, d’une présence émotive. La danse jazz engage une sensibilité qui met en valeur la sensualité, le feeling avec la musique.

Le modèle APA reste évasif en ce qui concerne la socialisation. Il induit des tenues de rôle, des relations négociées entre partenaires. La danse contemporaine actualise ces relations dans une gestuelle fondée sur la relation à l’autre, et sur le regard porté sur les prestations. La danse jazz valorise l’affirmation de soi en accord avec des énergies et des rythmes.

L’intelligibilité des trois modèles se retrouve dans les notions d’effets spectaculaires à construire, de compositions à orienter dans un espace scénique. Cependant la danse contemporaine insiste sur la cohérence à construire, dans la mise en scène et le propos choisi, et qui sera analysée et appréciée par le spectateur. La danse jazz fait surtout appel à la mémorisation des séquences gestuelles.

Les trois modèles se ressemblent dans leur forme. Ils sont tous déséquilibrés avec des dominantes : la motricité pour les uns, l’intelligibilité pour les autres. Pour tous le maillon faible est la sociabilité, qui est pourtant un des objectifs recherchés et annoncés pour les adolescents.

L’analyse des deux modèles : danse contemporaine et jazz, montre que les apprentissages à réaliser sont diversifiés. Ce qui les différencie le plus, semble-t-il, sont les charges symboliques non dites dans les programmes qu’elles supportent et qui d’emblée vont entraîner des difficultés de mise en oeuvre ou au contraire des engouements de la part des collégiens. Il n’est pas sûr pourtant, comme l’affirment les textes, que la danse jazz corresponde plus aux motivations des élèves. Le rapport sensuel avec son corps, la fluidité, ne sont pas forcément des sensibilités aussi facilement exprimables par les adolescents. Le jazz, n’a rien à voir avec le break dans l’expression de la sensibilité. Le feeling, la fluidité, sont des qualités de mouvement qui s’intègrent dans un rapport de recherche d’harmonie avec l’espace, avec les autres, avec le monde plus globalement. N’est-ce pas une des difficultés d’expression des collégiens urbains ?

L’identification culturelle reste posée et nous pouvons nous interroger. Quel sens, quelle place, quelle connaissance de la danse contemporaine et de la danse jazz peuvent émerger au collège ?

Nous pointons la difficulté d’ancrage culturel de ces danses, qui peuvent prendre des formes d’expressions très diversifiées.

L’analyse du contexte culturel doit éclairer les choix de l’institution et ses hésitations concernant les pratiques sociales de référence.