Les “anciens”, à la recherche d’eux-mêmes.

Les artistes reconnus des années 80, implantés dans les grosses structures culturelles marquent une pause dans le renouvellement des formes. Ils s’interrogent sur leur patrimoine personnel et sont préoccupés par leur répertoire. Les pertes nombreuses dues au Sida, leur ont montré la fragilité de la création dansée contemporaine. Il ne reste rien des années 1970 ! Comment faire vivre les oeuvres dans le temps, si ce n’est en les reprenant ?

Certains créateurs supportent difficilement les contraintes institutionnelles, politiques, que leur font vivre les financeurs de projets culturels. La course à la création et à la diffusion ne laisse que peu de temps à la recherche. Maguy Marin, chorégraphe la plus dansée dans le monde, décide de créer une structure personnelle, véritable lieu de recherche et de rencontres. On assiste là, à un mouvement nouveau dans la création et la recherche : les artistes tentent d’échanger, d’explorer ensemble de nouvelles approches de la création et du mouvement . Ils inventent des lieux, des défis entre eux, poussés par un besoin de sortir d’eux-mêmes. Ces chorégraphes travaillent sur des états de corps, le mouvement en deçà des écritures et des styles, un corps capable d’interroger les cultures. Peut-être expriment-ils par là une nouvelle approche du problème récurrent que se pose la danse : l’universalité.

Ces créateurs questionnent aussi la création. Comment créer ? Comment réinvestir des lieux plus intimes et moins spectaculaires ? L’utilisation de l’improvisation comme champ de recherche et de partage de ces interpellations est privilégiée.

La grande majorité d’entre eux sont sollicités par les grandes formations classiques, les opéras pour monter des chorégraphies, des reprises, ou des créations. Ce travail permet à ces chorégraphes de se situer, d’affirmer leur écriture. Il est étonnant de remarquer, la manière dont les propos contemporains s’accommodent les corps académiques. Ceci permet des interrogations nouvelles entre des visions du monde qui étaient à l’origine opposées, voir antagonistes. Ces métissages ou mélanges de styles ne produisent pas encore de langage nouveau, mais incitent aux remises en cause et à la recherche et parallèlement à un retour conservateur.