CHAPITRE VII : AMOUR ET PLAISIR : LA LIBERTÉ ET SES LIMITES ?

Comment aimer ? Comment aimer et créer ? La recherche de l’amour, liée à la quête du désir, suppose l’acceptation de la nature même de ce désir et prend donc place dans la vaste interrogation sur soi et de soi qui anime les protagonistes de l’oeuvre fernandezienne. La quête amoureuse tient donc de la quête d’identité : il est impossible d’aimer sans savoir d’abord qui l’on est, sans accepter de comprendre qui l’on est. La question des conditions de la quête amoureuse pose du même coup la question de la recherche de soi. Et c’est sans doute Friedrich, héros de L’Amour, qui révèle le mieux les liens qui unissent cette double découverte de soi et des autres, de son propre coeur et de celui de l’être aimé. Or dans l’engagement amoureux, le courage semble tout aussi nécessaire que la conscience, toute aventure amoureuse étant une sorte de défi et de tentative pour braver les interdits d’une société. Des personnages qui ne connaîtront jamais l’amour comme de ceux qui échoueront dans leur tentative amoureuse le lecteur apprend autant, il s’initie aux enjeux de l’existence, aux rapports ambigus entre l’égocentrisme nécessaire à toute création artistique et l’élan qui pousse à découvrir l’autre. Le rapt amoureux, — élément du mythe de Perséphone et image réversible de la séduction (qui rapte l’autre ?) —, le rôle du regard et celui de la contemplation sans réalisation amoureuse, l’autorisation d’aimer donnée par le voyage sont autant de jalons dans la quête de la liberté et de l’amour. Toutes ces images récurrentes ne laissent pas d’interroger le lecteur sur la notion même d’amour et son rapport avec la liberté, question posée non plus seulement dans une perspective politique mais aussi, et surtout, dans sa visée individuelle.