Reprenons, pour commencer, le titre même du long chapitre consacré à l’étude de la forme baroque de l’oeuvre d’Alexandre Dumas : il convient parfaitement à la nature même du questionnement qu’il faut entamer sur le sujet, quant à l’oeuvre de Dominique Fernandez. En effet, c’est bien sur la présence d’une inspiration baroque (et des formes qu’elle peut prendre et entraîner dans l’oeuvre) qu’il faut s’interroger. C’est sur l’analyse des portraits des mousquetaires que repose la thèse de Dominique Fernandez : une caractéristique baroque qui tient donc moins à la construction romanesque qu’aux éléments qui la composent.
La muse baroque fernandezienne, quant à elle, donne lieu à différents traits baroques : des traits psychologiques d’abord avec l’apparition de personnages caractéristiques, des traits que l’on pourrait qualifier de récréatifs, dans la mesure où des scènes sont insérées dans le roman pour ménager des pauses amusantes dans la progression dramatique du récit, des questions métaphysiques enfin qui sont traitées avec la fantaisie et la légèreté de l’art baroque et avec la rigueur de la grammaire spécifique à cet art.
On ne répétera sans doute jamais assez l’importance de ces propos tenus par Dominique Fernandez et rapportés par Guy Scarpetta221 : « Être baroque, pour moi, c’est veiller à la rigueur, à la justesse de l’écriture. La notion de plaisir est ici capitale. Le baroque est une manière de vivre, plus qu’un style livresque. »
« La Rigueur baroque », Art-press, déc. 1985-févr. 1986, p. 29.