3. Portée et limites des analyses de la migration internationale

Les différentes analyses de la migration passées en revue concluent plus ou moins explicitement que les forces répulsives, le chômage en particulier, suscitent une émigration potentielle. Le sous-emploi chronique accroît les exclus du système salarial et le nombre de personnes candidates à l’émigration. La situation de sous-emploi qui caractérise les pays africains est la conséquence de leur forte dépendance économique vis-à-vis des pays développés.

L’introduction du système capitaliste – salariat et monétarisation progressive des transactions –, fruit de la spécialisation internationale forcée, a progressivement détruit les activités agricoles traditionnelles sans pour autant offrir suffisamment de travail aux populations. En effet, la marginalisation des cultures vivrières au profit d’une agriculture davantage industrialisée et orientée vers les produits d’exportation a engendré une importante réserve de main-d’oeuvre non qualifiée. Cette surabondance de l’offre de travail est plus marquée dans les pays où le niveau de développement industriel reste encore très faible.

Compte tenu de la proximité entre les différentes analyses du phénomène migratoire, analyser leur intérêt (3.1) et leurs limites (3.2), notamment par rapport à notre étude (3.3), revient à s’intéresser particulièrement à l’analyse dominante, celle fournie par la théorie néoclassique. En effet, certains résultats ou hypothèses néoclassiques sont implicitement ou explicitement repris par les autres analyses de la migration.