4.2 Les principales difficultés rencontrées par les porteurs de projets

Les immigrés qui ont déjà acheté des maisons sont confrontés à un choix d’allocation de leur épargne. Ils veulent réaliser des investissements dans leur pays mais ils n’ont pas d’idée précise quant à leur futur projet. La tentation est toujours grande de voir leur épargne financière affectée à des dépenses généralement improductives – financement de fêtes du deuxième ou troisième voire quatrième mariage, baptêmes, etc.

Pourtant, ce ne sont pas les idées qui manquent. Le problème, semble-t-il, est que beaucoup de migrants n’ont pas les connaissances nécessaires pour monter un dossier, faire une étude de faisabilité. Il existe un petit groupe de Sénégalais qui voulait monter une société de taxi à Dakar. Ils ont eu d’énormes difficultés pour la mettre en place et ont finalement renoncé.

Les problèmes financiers constituent le souci majeur de nombre de migrants. Les promoteurs de projets expriment aussi leurs difficultés à trouver des informations d’ordre technique et économique ainsi que des conseils avisés sur la globalité de leur projet. Ceci est d’autant plus vrai que l’on se trouve dans une situation d’absence de référent économique. Lorsque ces données existent, bien souvent, elles ne correspondent pas à la dimension des projets à réaliser. Pour faire face aux problèmes de financement, il importe de créer ou de s’appuyer sur les structures existantes qui auront pour vocation non à financer les projets mais à participer au financement de projets individuels et collectifs.

Par ailleurs, il ne faut pas oublier l’aspect risque qui est une composante importante dans la prise de décision d’investir. Les migrants préfèrent ainsi investir dans des affaires beaucoup moins risquées.

Au niveau associatif, la réalisation de projets de développement dans les villages demeure toujours d’actualité. Cependant, certaines associations, tout en se réjouissant de leurs actions d’entraide financière, reconnaissent le caractère limité de celles-ci. Ainsi, envisagent-elles d’élargir le champs de la solidarité financière. Un sociétaire d’une association sénégalaise propose un système d’aide financière aux immigrés en difficulté, y compris les étudiants et les nouveaux arrivants. Ces derniers doivent bénéficier de prêts – pour financer un projet ou une activité lucrative – moyennant des remboursements à des taux très bas. Deux objections peuvent être soulevées à l’encontre de cette proposition. La première est relative aux ressources financières et humaines nécessaires à sa mise en place. En effet, un tel projet exige de l’association une assise financière assez solide et une bonne gestion des affaires.

La seconde objection est qu’il ne faut pas perdre de vue que les personnes en difficulté ont recours aux différentes formules d’aides publiques en passant par les assistantes sociales. Qui plus est l’association ne peut pas se substituer aux banques. Néanmoins, ce système peut marcher s’il est complémentaire au système bancaire en finançant de micro-projets.