1.1.2 Le cas du Mali et du Sénégal

Le Mali et le Sénégal enregistrent depuis plusieurs années une forte croissance économique. Le maintien de la croissance à un niveau élevé (5,7 %) au Sénégal en 1998 contraste avec le net recul de l’activité malienne dont le taux de croissance est passé de 6,8 % en 1997 à 3,5 % en 1998315. L’économie de ces deux pays comme celle de la plupart des autres pays africains repose essentiellement sur le secteur primaire – agriculture et élevage –, d’où leur extrême vulnérabilité par rapport à la pluviométrie en particulier. Les arachides, le coton graine, le mil et le sorgho sont les principaux produits exportés par ces pays.

La prépondérance du secteur primaire se mesure d’abord par le poids considérable de la population active qu’il emploie actuellement : plus de 77 % au Sénégal et près de 80 % au Mali316. D’autre part, sa contribution au PIB est généralement élevée, voire très forte comme c’est le cas au Mali avec environ 48 %. En revanche, l’activité tertiaire prend une importance grandissante au Sénégal – avec 61 % de contribution au PIB – par rapport aux secteurs primaire et secondaire.

Quant aux finances publiques, le déficit budgétaire persiste malgré les efforts d’assainissement consentis par les deux États. Ce déficit est beaucoup moins accusé au Sénégal qu’au Mali puisque les estimations sont respectivement de 8 et 36 milliards de francs CFA317. L’accroissement sensible des rentrées fiscales – dû, entre autres, à l’élargissement de l’assiette fiscale et au meilleur recouvrement des impôts – n’a donc pas pu couvrir l’ensemble des dépenses publiques.

La situation des comptes extérieurs des deux pays est similaire. Concernant la balance commerciale, le Mali et plus particulièrement le Sénégal semblent, depuis 1992, s’installer durablement dans une situation de déficits commerciaux chroniques même si l’on note très souvent de légères améliorations. En termes d’évaluations, les montants des déficits tout comme ceux des excédents sont plus conséquents pour le Sénégal que pour le Mali. Celui-ci a toutefois connu un léger excédent de la balance commerciale en 1997 ; mais d’après les estimations de 1998318, le solde commercial risque de se dégrader une nouvelle fois.

Concernant l’endettement extérieur, les deux pays restent très endettés même s’il s’agit d’une dette à long terme contractée à des taux concessionnels. Ainsi, malgré les multiples réaménagements et réductions de leur dette – en particulier la très forte réduction de 67 % de la valeur actualisée nette de leur dette accordée par les créanciers publics du Club de Paris au titre des termes de Naples –, l’encours total de la dette extérieure du Mali et du Sénégal atteignait à fin 1997, selon la Banque mondiale, respectivement 2,95 et 3,7 milliards de dollars.

La dette extérieure des deux pays reste insoutenable car elle absorbe la totalité des recettes d’exportations. Le stock de la dette correspondait pour le Mali à 119 % de son PIB et 395 % de ces recettes d’exportations de biens et services tandis qu’il ne représentait que 83 % du PIB et 227 % des recettes d’exportations pour le Sénégal319. Celui-ci fait partie des pays de l’UEMOA les plus vertueux en matière d’endettement extérieur après le Burkina et le Bénin.

Il importe aussi de signaler que ces deux pays vont très prochainement bénéficier de nouvelles réductions substantielles du stock de leur dette (pouvant aller jusqu’à 80 %) au titre de l’initiative sur la dette en faveur des pays pauvres lourdement endettés (PPTE ou HIPC – Heavily Indebted Poor Countries –)320, mise en place en 1997 par les créanciers publics du Club de Paris lors du sommet du G 7 à Lyon321.

Notes
315.

Banque de France (1999), op. cit.

316.

Banque de France (1999), op. cit.

317.

Banque de France (1999), op. cit.

318.

Banque de France (1999), op. cit.

319.

Banque de France (1999), op. cit.

320.

Voir International Monetary Fund (IMF) [1999]. Annual Report, Washington, IMF, 259 p, pp. 83-90.

321.

Lors du sommet du G7 à Cologne en juin 1999, il a été décidé d’élargir le champ des pays éligibles à l’initiative PPTE – le nombre de pays passant de 29 à 36 – et surtout de relever le taux maximum de réduction du stock de la dette des pays concernés qui passe initialement de 80% à 90%.