1.2.2 Les résultats des plans d’ajustement en Afrique subsaharienne

L’ajustement en Afrique subsaharienne peut se diviser en deux grandes phases. Pendant la première, de 1980 à 1984, les mesures d’ajustement ont été nombreuses et sporadiques. La majorité des pays ont lancé plusieurs plans d’ajustement durant cette période. Il en a résulté, globalement, un ralentissement de l’inflation, une diminution du déficit moyen des transactions courantes, hors subventions et un léger redressement de l’économie. La seconde phase, de 1985 à 1992, s’est caractérisée par un renforcement des mesures structurelles sur fond de conjoncture mondiale plutôt morose. Au cours de cette période, les termes de l’échange ont connu de fortes détériorations, de quelque 40 %.

La croissance économique s’est considérablement ralentie entre 1990 et 1992, environ 1 %, alors qu’elle avait atteint un taux annuel moyen de plus de 3 % entre 1986 et 1989325. Le déficit moyen du compte courant s’est sensiblement accru, passant de 7 % à 12 % en 1992. Le taux moyen d’inflation s’établissait annuellement autour de 15 %. Ces données moyennes cachent toutefois des disparités importantes entre les différents pays.

Une étude faite par la Banque mondiale sur sept pays d’Afrique subsaharienne326 révèle des résultats satisfaisants dans l’ensemble. Partout sauf en Côte d’Ivoire, le PIB par tête a augmenté durant la période d’ajustement 1986-1991. Le taux de croissance moyen des sept pays s’est établi à 4,5 % contre 1 % pendant la phase de crise (1981-86). Les meilleures performances économiques ont été réalisées au Nigeria (8 %), au Ghana (8,8 %) et en Tanzanie (4 %). Le Kenya et le Burundi, dont leur situation était assez bonne, ont conservé leur rythme de croissance. Handicapés par la surévaluation du franc CFA, la Côte d’Ivoire et le Sénégal ont enregistré de médiocres performances.

D’une manière générale, le bilan global des plans d’ajustement structurels en Afrique subsaharienne est décevant, même si on note une reprise de la croissance dans certains pays327. Ces médiocres résultats s’expliquent, selon le FMI, par la faible volonté de certains gouvernements à mettre en oeuvre les réformes économiques nécessaires. Les pays qui ont connu des améliorations significatives sont ceux qui ont persévéré dans la voie de l’ajustement.

Les entraves au processus d’ajustement ou l’incohérence et l’inefficacité des réformes menées conduisent inéluctablement à l’échec. Ainsi, J. Zulu et Saleh M. Nsouli [1984], C. Humphreys et W. Jaeger [1989], Saleh M. Nsouli [1993] et alii ont montré l’existence d’une étroite corrélation entre l’exécution des plans d’ajustement structurels, la réalisation des objectifs de l’ajustement et la performance économique. Cependant, la fragilité et l’insuffisance de la croissance ne permettent pas de relever le défi du développement et montrent en même temps les limites des plans d’ajustement.

Notes
325.

Ces performances économiques concernent l’Afrique subsaharienne, excepté l’Afrique du Sud, le Soudan, le Zaïre et le Nigeria.

326.

Il s’agit des pays suivants : Burundi, Sénégal, Côte d’Ivoire, Ghana, Kenya, Nigeria et Tanzanie. Leurs caractéristiques et situations de départ étaient très différentes.

327.

Pour les taux de croissance des pays de la Zone franc, voir Banque de France (1999), op. cit.