Annexe 3 : Les facteurs d’intensité de la migration

La migration se caractérise par une diversité de natures et de degrés d’intensité. Les facteurs d’intensité de la migration, c’est-à-dire l’ensemble des éléments susceptibles d’accentuer ou d’atténuer la pression migratoire, sont divers et variés. Dumont (1995) en distingue six : la perméabilité des frontières, les choix politiques, les facteurs économiques, l’évolution des transports, les données démographiques et les évolutions géopolitiques. Parmi cet ensemble de facteurs, seuls les éléments économiques nous intéressent ici406.

Le premier élément est relatif au niveau économique d’un pays. Les différences entre les économies et ainsi que leurs divergences de dynamiques sont un facteur essentiel de migration. En effet, lorsqu’un pays n’offre aucune perspective de développement favorable, et ce quelles que soient les raisons - rigidités économiques, mauvais état ou étroitesse des marchés, mauvaise politique économique -, la propension des personnes à émigrer devient très forte. C’est le cas de plusieurs pays en développement dont leur économie tend à s’installer dans un état pathologique durable.

A l’inverse, certains pays présentent des niveaux économiques relativement élevés qui les obligent à faire appel à une immigration de travail. Les exemples sont nombreux ; on peut évoquer le cas des économies ivoiriennes et nigérianes durant les années soixante-dix, et celui des pays développés pendant l’époque des Trente Glorieuses. Le second aspect tient au fait que le niveau des économies n’est pas figé dans le temps, il évolue. Or, il semble que les effets des évolutions économiques exercent une influence certaine sur la migration. Ainsi, plusieurs pays n’ont pas hésité à pratiquer un renvoi systématique de travailleurs immigrés de leur territoire lorsqu’ils étaient confrontés à une crise économique ou de l’emploi plus ou moins durable.

L’histoire contemporaine offre plusieurs exemples bien connus. Entre autres exemples de pays qui ont procédé à des expulsions d’étrangers, nous pouvons citer le Ghana en 1969, le Congo en 1977, le Nigeria en 1983 et 1985 et nombre de pays développés telles que la Belgique et la France. Les déséquilibres économiques sont donc source de migration. La conjoncture économique peut générer des flux migratoires lorsqu’elle est défavorable - dépression économique - et encourager le retour des émigrés lorsqu’elle est bonne - croissance économique.

Notes
406.

Pour les informations concernant les autres facteurs, voir G.-F. Dumont, op. cit. pp. 128-142.