1.2. Le questionnaire sur les associations de migrants

*Résultats des tris-à-plat

1. Association

Quelle est la « nationalité » de votre association ?

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Les associations rencontrées sont à dominantes sénégalaises. Cependant la proportion d’associations sénégalaises (37,5 %) est très légèrement supérieure à celle des associations maliennes (35 %). La présence d’associations mixtes regroupant des immigrés africains, en particulier des Maliens et des Sénégalais, est aussi importante. Les associations mixtes représentent 27,5 % de l’échantillon total.

2. Nombre de membresCombien de membres êtes-vous actuellement ?

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La question est à réponse unique sur une échelle. Les paramètres sont établis sur une notation de 1 (Moins de 50) à 4 ([150 et plus[).

Le nombre moyen de membres des associations de migrants dépasse la centaine de personnes. Les associations de moins de 50 personnes et celles de plus de 150 personnes sont les plus fréquentes. Leurs proportions sont très voisines avec un faible écart de 2,5 points.

3. Objectif

Quel est votre objectif en créant cette association ?

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Le nombre de citations est supérieur au nombre d’observations du fait de réponses multiples (2 au maximum).

Les raisons d’être des associations de migrants sont très diverses mais n’ont pas toutes la même importance. Ainsi, l’entraide et l’aide au développement du village d’origine ou d’un ensemble de villages du pays d’origine sont les objectifs les plus privilégiés et les plus fréquents. Plus de 90 % des associations de migrants font de l’entraide et du développent des villages leur cheval de bataille et leur principale priorité. La prépondérance de l’aide au développement des villages des pays d’origine dans les préoccupations des associations de migrants se vérifie au niveau des proportions de fréquence. En effet, plus de 55 % des associations s’assignent comme objectif majeur le développement des villages d’origine. Cependant, l’intégration fait aussi partie des soucis de près 9 % des associations de migrants.

4. CotisationQuel est le montant de la cotisation actuellement ?

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La question est à réponse unique sur une échelle. Les paramètres sont établis sur une notation de 1 (Moins de 50) à 4 ([150 et plus[).

Le montant de cotisation des adhérents d’associations de migrants se situe dans une fourchette très large. Les montants de cotisation minimum et maximum sont respectivement de 10 et 300 francs. Le montant moyen des cotisations s’établit à 79 francs avec tout de même un montant de cotisation inférieur à 58 francs pour plus des deux tiers des associations de migrants. Cependant pour près du tiers des associations de migrants, le montant de participation des membres excède 100 francs.

5. Fréquence des cotisations

Quel est le montant de la cotisation actuellement ?

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La question est à réponse unique sur une échelle. Les paramètres sont établis sur une notation de 1 (Mensuelle) à 2 (Annuelle).

La fréquence des cotisation est pour plus des deux tiers des associations de migrants le mois. L’autre tiers des association a préféré adopter une fréquence des cotisations annuelle. La différence des cotisations annuelles des membres, dans l’un ou l’autre groupe d’associations, est globalement sans importance au regard des montants de participation retenus par les associations.

6. Composition des membresQui sont les membres de votre association ?

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La question est à réponses multiples ordonnées. Le tableau donne les effectifs pour chaque rang et pour la somme.

Les membres des associations de migrants sont le plus souvent issus du même pays. Plus de 35 % des associations regroupent des migrants de même origine nationale. Le poids des associations villageoises est aussi sans conteste très important (32 %). Cette importance explique le privilège et la prééminence des actions de développement dans les priorités des migrants originaires du même village. La proportion d’associations franco-africaines est également élevée (28 %). Par ailleurs, les associations de migrants dont l’adhésion repose sur l’origine ethnique sont très rares (4 %) et celles qui se fondent sur l’appartenance à une même confrérie religieuse sont quasiment inexistantes. L’absence des associations religieuses dans l’échantillon ne signifie guère leur inexistence mais elle constitue un indice de leur rareté relative par rapport aux autres types d’associations de migrants.

*Résultats des tris croisés

1. Association x Objectif

-Quelle est la nationalité de votre association ?

Post-codage de la question texte ’Objectif’

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La dépendance est très significative (chi2 = 18,74, ddl = 2, 1-p = 99,99 %).

Le test du khi-2 révèle l’existence d’une relation très significative entre la nationalité et l’objectif des associations de migrants. Les associations sénégalaises ont davantage des objectifs centrés sur l’entraide et l’intégration tandis que les associations maliennes et les associations mixtes concentrent leurs efforts sur l’aide au développement des villages du pays d’origine. L’objectif est ainsi un critère pertinent pour distinguer voire même pour élaborer une typologie des associations de migrants.

2. Association x Composition des membres

-Quelle est la nationalité de votre association ?

-Qui sont les membres de votre association ? (Recodage des modalités de la question fermée ’Compmbres’)

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La dépendance est significative (chi2 = 16,54, ddl = 4, 1-p = 99,76 %).

Le test du khi-2 révèle l’existence d’une relation significative entre la nationalité et la composition des membres des associations de migrants. Ce lien statistique montre que les membres des associations sénégalaises sont essentiellement des compatriotes tandis que ceux des associations maliennes sont généralement des personnes originaires du même village ou d’une même zone englobant plusieurs villages contigus.

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La totalité de l’inertie du nuage est expliquée par les deux premiers axes factoriels. Au vu du plan factoriel, l’échantillon des associations de migrants peut être scindé en trois groupes. Le premier groupe est composé d’associations sénégalaises. L’adhésion à ces associations sénégalaises repose uniquement sur le critère de l’appartenance à une même communauté nationale. Néanmoins, il existe un petit nombre d’associations sénégalaises dont l’adhésion se fonde sur le critère de l’ethnicité. Les membres de telles associations sont tous de la même ethnie. Le second est constitué d’associations maliennes dont les membres sont principalement des personnes originaires du même village. Les associations mixtes forment le troisième groupe. Ce groupe d’associations est caractérisé par la diversité d’origine et surtout de nationalité des membres. En effet, ces associations mixtes regroupent des Africains notamment des Maliens et des Sénégalais et des Français autour d’un ensemble d’objectifs ayant essentiellement trait à l’aide au développement.

*Résultas de l’analyse factorielle

1. Analyse des correspondances multiples

Variables : Association, Objectif (Objectif_C_T), Composition des membres (Compmbres_T_T).

La carte montre les positions des 8 modalités et les coordonnées des 39 observations.

38.4 % de la variance est expliquée par les deux axes représentés.

Les non-réponses ont été ignorées.

1 observations ne sont pas représentées (non-réponse à l’une au moins des questions).

Chaque observation est représentée par un point.

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La part de la variance du nuage expliquée par les deux premiers axes factoriels se monte à 38,4 %. Les observations ont dans l’ensemble une bonne qualité de représentation. Le nuage des observations du plan formé par les deux axes est relativement dispersé. La dispersion des observations est beaucoup plus visible dans les plans factoriels des axes 1-3 et 2-3. Les 8 modalités sont dans l’ensemble bien représentées dans les différents plans factoriels, notamment dans le premier plan factoriel formé par les axes 1 et 2.

Interprétation du premier axe. La contribution de ce premier facteur (23,4 %) est très importante comparativement aux deux autres facteurs principaux. Les modalités Sénégalaise (+30,9 %), Entraide et intégration (+27,1 %) et Compatriotes ont les contributions positives les plus importantes. La contribution négative la plus élevée est celle de la modalités ADV (-7,3 %). Les quatre modalités sont bien représentées sur cet axe. Celui-ci s’est principalement construit à partir des variables Association et Objectif avec des contributions absolues respectives de 36,7 % et de 34,4 %. Cet axe s’interprète comme un facteur d’opposition entre les associations de migrants qui ont pour objectif l’entraide, la solidarité et l’intégration et celles qui se préoccupent quasi-exclusivement de l’aide au développement des villages des pays d’origine. L’examen du plan factoriel 1-3 confirme cette interprétation dans la mesure où l’axe 1 met nettement en relief cette opposition.

Interprétation du second axe. L’élaboration de cet axe repose essentiellement voire exclusivement sur la variable Association avec une contribution totale en valeur absolue de 70,5 %. Deux modalités ont les plus fortes contributions, positive pour Mixte (+32,6 %) et négative pour Malienne (-37,9 %). Si l’on ne s’intéresse qu’à ces modalités prépondérantes, et compte tenu de la bonne représentation sur cet axe de ces deux modalités, on voit que ce facteur oppose les associations de migrants ayant pour membres des immigrés originaires du Mali à celles rassemblant des adhérents d’origine nationale diverse.

Interprétation du plan 1-2. Sur le graphique, on repère principalement trois groupes et ce en dépit de la dispersion de certains individus (ici les associations). Le premier rassemble les associations de migrants maliens, regroupant souvent des migrants originaires du même village, qui s’intéressent principalement à l’aide au développement des villages d’origine. Le second groupe est constitué d’associations de migrants sénégalais qui mettent en avant l’intégration et l’entraide entre les membres. Les associations mixtes, composées de membres de nationalités diverses et ayant pour objectif l’aide au développement de villages des pays d’origine, constituent le troisième et dernier groupe. L’examen des autres plans factoriels, en particulier les plans 1-3 conforte ce regroupement des observations en trois principaux groupes.

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Le tableau est le tableau des effectifs (tableau de Burt) pour les 8 modalités.

A1 : Malienne A2 : Sénégalaise A3 : Mixte O1 : Entraide et intégration O2 : ADEV C1 : Gens du village C2 : Compatriotes C3 : Autres.

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Le tableau donne, pour les 3 premiers axes factoriels, les contributions relatives (positives et négatives) des modalités.

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La carte montre les positions des 8 modalités et les coordonnées des 39 observations.

33.6 % de la variance est expliquée par les deux axes représentés.

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La carte montre les positions des 8 modalités et les coordonnées des 39 observations.

25.1 % de la variance est expliquée par les deux axes représentés.

1.3. Le questionnaire sur les tontines

*Résultats des tris-à-plat

1. Date de création

Depuis quand avez-vous créé votre tontine ?

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Parmi toutes les tontines rencontrées, une seule a été créée pendant la décennie quatre-vingt (en 1987), tout le reste ayant vu le jour au cours de la présente décennie. Les années 1996 et 1997 ont connu le même taux de créations de tontines. Ce taux est le plus élevé de toutes les années. Si l’on regroupe les années en quatre modalités, on remarque que près des trois quarts des tontines ont été créées après 1995 dont plus de la moitié après 1997.

En revanche, la proportion de tontines créées avant 1993 est relativement faible (environ 15 %). Ces résultats témoignent de la continuité de pratiques financières nées dans les pays d’origine. Très différentes de ce qui se fait dans le pays d’accueil, ces pratiques ne semble aucunement marginales au regard de leur importance actuelle. L’écart de l’importance de la création de tontines entre les périodes avant 1993 et après 1995 peut être analysé à partir de deux hypothèses vraisemblables. La première est en relation avec la situation économique.

La crise structurelle de l’économie qui sévit depuis le milieu des années 1970 s’est accompagnée d’une crise de l’emploi plus ou moins forte selon l’évolution de la conjoncture économique. Ainsi, il semblerait que, depuis le début des années 1990, les immigrés sont de plus en plus touchés par la crise de l’emploi. Cette situation engendre un certain retour sur les pratiques et les valeurs traditionnelles, en particulier la résurgence ou l’intensification de la solidarité et de l’entraide communautaire. La seconde hypothèse plausible est relatif à la féminisation croissante de la population immigrée due à l’effet de la politique de regroupement familial. Or, il se trouve que ce sont essentiellement les femmes qui participent aux tontines. On voit bien que l’importance de la création de structures d’entraide sur la période récente, en particulier les tontines, se justifie quelle que soit l’hypothèse retenue.

2. Type de tontine

Expliquez-nous comment fonctionne votre tontine ?

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Les immigrés maliens et sénégalais préfèrent majoritairement les tontines mutuelles. En effet, plus de 90 % des structures rencontrées sont des tontines mutuelles. Une faible proportion de tontines (7 %) sont des tontines mutuelles avec une caisse d’entraide. Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas d’entraide dans les tontines mutuelles simples. La différence est que dans les tontines mutuelles avec caisse d’entraide, la solidarité et l’entraide sont « institutionnalisées » et matérialisées par l’existence de fait d’une caisse. Tandis que dans les tontines mutuelles simples l’entraide se manifeste spontanément et de façon individuelle et selon l’intensité des rapports d’intimité entre les membres lors d’événements heureux ou malheureux affectant un des adhérents.

3. Raison de la tontine

Pourquoi avez-vous créé cette tontine ?

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Le nombre de citations est supérieur au nombre d’observations du fait de réponses multiples (2 au maximum). Les pourcentages sont calculés par rapport au nombre de citations.

Les raisons qui animent les responsables de tontines à en créer sont très diverses. Toute une panoplie de raisons ont été évoquées pour justifier l’existence des tontines. Les plus importantes sont en effet l’épargne forcée (35 %), l’épargne projet (22 %), les dépenses imprévues (14 %), l’entraide (10 %) et la convivialité (10 %). Cependant, d’autres motivations certes d’importance moindre ont aussi été avancées à savoir le désir d’acquérir des parures et de se payer un voyage. En imposant une forte contrainte d’épargne aux participants, la tontine est donc considérée par ces derniers comme un outil d’épargne par excellence. Elle permet aux uns de se constituer une épargne pour pouvoir réaliser un projet qui leur est cher, aux autres de prévenir toutes dépenses imprévues et à tous de tisser un réseau d’amitié, de convivialité et surtout d’entraide et de solidarité.

4. Nombre de membres

Combien de membres êtes-vous ?

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Le nombre de membres est très variable ; il va d’un minimum de 5 à un maximum de 100 membres. Les nombres de membres les plus fréquents sont 10, 20 et 30. La proportion de tontines ayant un nombre de membres compris entre de 10 et 20 est la plus élevée (près de 49 %). Cette proportion est presque de moitié supérieure à celle des tontines comptant entre 20 et 30 membres. Les tontines disposant d’un nombre de membres supérieur à 30 ou inférieur à 10 sont respectivement les moins fréquentes.

5. Cotisation

Quel est le montant de la cotisation ?

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Le montant de la cotisation des tontines varie très sensiblement et l’étendue des cotisations, c’est-à-dire la différence entre le montant de cotisation le plus élevé et celui le plus faible, est considérable et se monte à 3 150 francs. Ainsi, à côté de tontines à très faible mise, on a un ensemble de tontines dont la cotisation est très importante, dépassant les 2 000 francs voire les 3 000 francs. Lorsque l’on résume les montants de cotisation en cinq classes de valeurs, on s’aperçoit qu’il y a presque autant de tontines à cotisation inférieure à 500 francs que de tontines à cotisation supérieure à 1 500 francs.

Le pourcentage de tontines dont la cotisation se situe entre 500 et 1 000 francs est presque le double de celui des tontines à cotisation comprise entre 1 000 et 1 500 francs. Ce constat semble en parfaite harmonie avec les objectifs recherchés par les organisateurs de tontines, en particulier la constitution d’une épargne en vue de la réalisation d’un projet quelconque. En effet, compte tenu du nombre de membres et du montant de la cotisation, le lot de certaines tontines peut correspondre à une somme importante permettant sinon de financer intégralement un projet d’envergure du moins d’en contribuer très significativement.

*Résultats des tris croisés

1. Date de création x Nombre de renouvellement

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La dépendance est significative (chi2 = 7,38, ddl = 1, 1-p = 99,34 %).

La relation entre la date de création des tontines et le nombre de leur renouvellement est statistiquement significative. La durée de vie d’une tontine dépend du nombre de membres et de la périodicité des tours ou levées. Si la première expérience s’est bien passée, les participants à la tontine sont incités à la renouveler. Ainsi, le nombre de renouvellement est un indicateur de satisfaction des membres.

Un examen plus approfondi des résultats du tri à plat de ces deux variables met en exergue trois groupes de tontines. Le premier est composé de tontines créées après 1997 dont la plupart n’a connu aucun renouvellement. Le second groupe est celui des tontines créées entre 1995 et 1997 et qui ont été renouvelées au plus deux fois. Le dernier groupe rassemble les tontines créées avant 1995 et ayant un nombre de renouvellement au moins égal à trois.

Une hypothèse explicative et vraisemblablement plausible et relative à l’indicateur de satisfaction des membres, évoquée ci-dessus, peut être envisagée. Dans cette optique, les tontines créées avant 1995 ont connu le plus de renouvellements parce qu’elles ont le plus répondu aux attentes des membres . Les non renouvellements se justifient, d’une manière ou d’une autre, par l’existence d’un problème et ce quelle que soit la nature de celui-ci.

2. Origine des membres x Cotisation

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La dépendance est significative (chi2 = 7,41, ddl = 1, 1-p = 99,35 %).

La relation entre le montant de la cotisation et la nationalité d’origine des membres est significative. Le montant de la cotisation des tontines mixtes, composées de membres originaires de plusieurs nationalités africaines, est généralement - 62 % des cas - supérieur ou égal à 1 000 francs. Quant aux tontines sénégalaises le montant de la cotisation est très variable mais il est dans la plupart des cas - 80 % - inférieur 1 000 francs. On retrouve donc la même variabilité du montant des cotisations dans les tontines sénégalaises et africaines mais avec des différences de fréquences somme toute significatives.

3. Nombre de membres x Cotisation

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La dépendance n’est pas significative (chi2 = 0,96, ddl = 1, 1-p = 67,37 %).

Le lien entre le montant de la cotisation et le nombre de membres d’une tontine n’est pas significatif. Les cotisations pour les tontines les plus fréquentes, celles ayant un nombre de membres inférieur à 20 personnes, se montent souvent à moins de 1 000 francs. En revanche, pour les tontines de 20 membres et plus, le montant de la cotisation est une fois sur deux supérieure à 1 000 francs. Cependant, pour l’ensemble des tontines, les cotisations vont de 50 francs à 3 200 francs.