Le développement a longtemps été appréhendé selon une vision normative, dans le sens où il équivaudrait à un niveau de bien-être et de croissance quantitativement repérable et ayant une signification dans l’absolu. Les mesures proposées pour parvenir à plus de développement - pour les pays considérés comme en retard par rapport à cette norme - sont alors des mesures universelles censées entraîner un certain ’rattrapage’. Nous étudierons dans ce chapitre, de manière très rapide, cette notion du développement et comment elle a évolué dans le temps. Cette évolution n’est cependant pas uniquement conceptuelle ; elle concerne également le cadre de référence des analyses courantes en économie du développement qui est principalement l’Etat-nation. En effet, il apparaît de plus en plus clairement que ce cadre de référence présente de nombreuses limites. ’Sur un plan concret, l’Etat-nation est débordé par des processus de mondialisation ou de globalisation, de régionalisation et par des dynamiques repérables à des niveaux infra-nationaux et locaux’ (Hugon, 1996 : 29). Le développement s’inscrit alors dans une dynamique plus territorialisée, plus localisée sur un espace donné. La nature de l’espace en question peut alors entraîner à son tour un processus de développement spécifique. Après avoir décrit la dynamique régionale du développement telle qu’elle est analysée dans différentes écoles de pensée de l’économie régionale, nous étudierons de façon plus spécifique les théories liées au développement des régions frontalières. Nous ferons alors la synthèse de ce que peut attendre une région (une ville et son arrière-pays), en termes de développement, de la proximité d’une frontière internationale. Ce cadrage nous permettra dans les prochains chapitres de tester la réalité de ces effets-frontière sur des espaces frontaliers en Afrique, de manière générale, et plus ponctuellement sur le terrain d’étude que nous avons choisi.