Il s’agit ici essentiellement du développement des ’zones-frontières’ dans l’optique de la division internationale du travail car la plupart des tentatives de formalisation ont surtout visé à expliquer leur fonctionnement dans cette optique - et ceci principalement dans le domaine de la production industrielle.
Cette voie théorique se base sur des approches plus dynamiques de la localisation. Il s’agit de considérer ces zones non seulement dans leur espace national, mais aussi dans le vaste contexte de l’émergence de l’économie mondiale en tenant compte de la division spatiale du travail. Dans les conditions contemporaines de production et de marché, c’est la recherche d’une rente différentielle qui guide le processus aboutissant à une organisation territoriale constituée par une distribution hiérarchique et spatiale des segments de production. Ces régions, dans la mesure où elles sont ouvertes, présentent des caractéristiques attractives pour la localisation de segments spécifiques d’activités de production.
Les raisons de ceci sont multiples. D’un point de vue économique, une localisation d’activités productives dans cette zone permet de bénéficier des avantages de proximité (présence d’opérateurs économiques connaissant deux ou plusieurs systèmes politico-institutionnels, par exemple). De plus, on parle beaucoup de rémunération du travail ou du coût de la main-d’oeuvre qui peut entraîner dans une des parties de la zone frontalière, une prémisse favorable avec pour conséquence la création, le maintien voire le développement dans la région la plus riche de segments de production fortement conditionnés par les coûts de main-d’oeuvre.
D’un point de vue social, ces conditions de discrimination de la main-d’oeuvre vont entraîner une flexibilité de l’offre en fonction des exigences des unités de production délocalisées.
Il y a alors création de deux types de rente : une rente différentielle déterminée par exemple par des discriminations salariales entre les zones divisées par la frontière et une rente de position déterminée par l’effet de proximité qui peut créer un avantage de position. Ces deux rentes ont des conséquences qui se manifestent de façon inégale tant en intensité qu’en signe : l’effet global peut être soit positif, soit un jeu à somme nulle, soit négatif pour l’ensemble de la région frontalière.
L’existence d’effets de proximité détermine pour les régions situées de part et d’autre de la frontière des relations privilégiées se traduisant par un investissement et des échanges supérieurs à la moyenne.
Cependant, à l’heure où l’on parle de suppression des frontières en Europe, avec pour corollaire le passage d’une situation de frontière qui sépare à une situation de frontière comprise comme zone de contact, il est de plus en plus question des hypothèses théoriques qui soulignent non plus les effets de l’existence de barrières mais, au contraire, le dépassement de ces barrières et la construction d’espaces de contact permettant la coopération interrégionale.