Ainsi, dès lors qu’elle est ’ouverte’, la frontière peut avoir un effet dynamisant et conférer aux régions qui l’entourent un caractère attractif pour la localisation de segments d’activités de production à la recherche des avantages de position que peut leur procurer la proximité d’une frontière (à travers par exemple les rentes différentielle ou de position). Ceci favoriserait la division internationale du travail et entraînerait plus d’investissements et d’échanges dans ces régions.
Partant de ces différentes thèses, nous avons pu répertorier ce que les zones de la frontière pouvaient craindre ou en attendre (potentiellement, car rien n’est mécanique). Le tableau ci-dessous en fait un récapitulatif.
Effets bénéfiques | Effets pénalisants | ||
Commerce | -Division internationale du travail | -Limitation des aires de marché | |
-Polarisation de l’espace marchand | |||
- Ecghanges | |||
-Dynamisation du marché de l’emploi | |||
Mobilité du travail / Mobilité résidentielle | - Distribution de revenu | -Dynamisation de la consommation, de la production et donc du marché de l’emploi étrangers | |
-Dynamisation de la - consommation, de la production et donc du marché de l’emploi locaux | |||
-Investissement local | |||
Mobilité du capital/investissement | -Création d’entreprises et de richesse | -renchérissement des coûts liés à l’instabilité de la zone | |
- « prises » de poids économiques des zones périphériques | |||
- Dynamisation du marché de l’emploi | |||
Services | - Besoins importants | ||
- Dynamisation du marché de l’emploi |
Une frontière entre deux pays met en contact deux espaces plus ou moins différents, et ce qui constitue un bénéfice pour l’un peut, le cas échéant, nous le voyons ci-dessus, être un handicap pour l’autre. Cependant, il peut se former de véritables espaces économiques et sociaux transfrontaliers intégrés dans lesquels les parties se fondent et tirent également profit de leur proximité. Ce qui, dans la littérature, se rapproche le plus de cette vision de la zone transfrontalière est ce que certains auteurs ont qualifié de véritable ’enclave’, ou encore de ’périphérie nationale’. Ces termes font référence au fait que par leurs relations avec l’étranger, ces fragments de territoires nationaux ont acquis une certaine autonomie vis-à-vis des grands centres nationaux. Ce type d’organisation de l’espace autour de la frontière laissant apparaître des régions géographiques dynamiques a fait l’objet de quelques études empiriques, en Europe, en Amérique du Nord ou plus localement sur la frontière suisse. Des agglomérations semblent s’y être épanouies, malgré ou grâce à la présence de la frontière, et l’histoire montre que de nombreuses villes ou ports dont la localisation était favorable aux échanges, ont développé de véritables stratégies de soutien.
Dans la majorité des cas, ces thèses ont été développées dans et pour des pays industrialisés et lorsqu’on parle par exemple du comportement stratégique des acteurs économiques, on se base encore sur la théorie de l’organisation industrielle. Mais l’Afrique se démarque de ces modèles généraux par le fait d’une faible industrialisation, et d’une incapacité des Etats à instaurer de manière officielle une coopération interétatique ou interrégionale.
On peut néanmoins penser que ces effets vont se redéfinir en fonction du contexte, et apparaître, même si c’est dans une moindre mesure ou sous d’autres formes. Par exemple, la division du travail peut se traduire par une certaine spécialisation de part et d’autre de la frontière et une répartition des taches qui favoriserait alors l’échange. Cela dynamiserait les secteurs du commerce, de la production (artisanale et agricole sinon industrielle) et des services, favorisant ainsi le marché de l’emploi à travers la création d’entreprises individuelles. Ces entreprises de petite taille, et plutôt ancrées dans l’informel, peuvent pour leur adaptabilité être vues comme un moyen de pallier le caractère aléatoire et instable dont est parfois qualifié l’environnement frontalier. La petite échelle serait aussi pour une grande part de la population un moyen d’accéder à l’exercice d’une activité rémunératrice sans un investissement fort en capital.