Ce sont ceux qui ne supportent que peu d’activités d’échanges. Les frontières sur lesquelles devraient se greffer ces espaces sont généralement floues. Soit parce qu’elles sont mal définies, ou mal matérialisées au départ, soit parce qu’elles ne sont plus fonctionnelles, leur matérialité sur le terrain ayant déjà disparu. Cette imprécision frontalière provient des difficultés naturelles rendant la vie humaine souvent difficile. Il en résulte alors une faible occupation. On retrouve ici la notion de la frontière-barrière avec ses effets pénalisants, mais dans le rôle de la barrière non plus seulement la ligne-frontière, mais toute la zone-frontière qui apparaît comme un véritable tampon entre les Etats.
En Afrique de l’Ouest, ce sont les frontières de la zone saharienne qui présentent cette caractéristique, c’est-à-dire la frange nord des pays sahélo-sahariens. Même lorsque le tracé reste précis, d’un point de vue cartographique ou administratif, il est malaisé de le reconnaître sur le terrain à cause des effets négatifs du sable du désert et surtout de l’absence de repères humains. Ainsi, le faible dynamisme de ces régions est dû aux contraintes géographiques, mais également aux choix de politique d’aménagement du territoire de l’époque coloniale. La partition des Etats concernés était telle qu’elle ne pouvait en aucun cas déboucher sur un dynamisme de ces espaces frontaliers. Aujourd’hui, à part quelques couloirs de passage entre l’Afrique Noire et le Monde méditerranéen, toutes les activités humaines seraient nulles ou quasi inexistantes dans le désert, endroit où, avant la pénétration européenne, les activités d’échanges étaient si développées qu’elles permirent la création de plusieurs villes importantes situées sur des étapes caravanières.
Notons cependant que dans le cas du Niger, on retrouve encore pour le désert saharien, quoique dans une moindre mesure, ce rôle d’espace marchand intermédiaire entre le Maghreb (aujourd’hui Algérie et Libye) et l’Afrique Noire (Nigéria). Mais les circuits marchands sont désormais sous le contrôle quasi-exclusif de grands commerçants Arabes, d’où un faible impact sur l’activité et les populations frontalières.
L’inertie frontalière dénoncée par Igué a remis en cause, selon lui, le dynamisme des Etats concernés, comparé à la période pré-coloniale. Le centre de gravité des sociétés qui vivent dans l’espace sahélien a alors changé au profit des pays côtiers, avec l’apparition de nouveaux espaces frontaliers qu’il considère comme ’alternatifs’.