2.2 Les espaces frontaliers alternatifs

Il s’agit des espaces actifs mais sans grands équipements et supports d’échanges comme les villes frontalières, les marchés périodiques dynamiques, les magasins de stockage, les marchés parallèles de change et qui ne connaissent pas une intense vie de relations qui déboucherait sur la formation d’un espace grouillant d’hommes et d’activités économiques tel que l’on peut en parler à propos d’autres espaces. Les échanges frontaliers qui se déroulent à ce niveau ne structurent pas l’espace, ce qui permet de considérer ces frontières comme de simples couloirs de passage et de trafics. Même s’il arrive qu’il y ait occupation de ces frontières, celle-ci ne dépasserait pas le stade de simples hameaux ou de simples villages. Les pôles d’échanges se trouvent à l’intérieur du pays. Le modèle d’espace frontalier ici est celui de la zone frontalière. Des acteurs économiques situés dans les principales villes du pays, le plus souvent éloignées de la frontière, vont animer les échanges avec le pays limitrophe. Cette situation ne permet pas à la frontière d’être suffisamment attractive.

Ce modèle est le plus représentatif en Afrique de l’Ouest et concerne davantage les pays ayant les mêmes traditions coloniales et pratiquant les mêmes politiques de développement économique. Il y a de grandes difficultés à créer les conditions susceptibles de favoriser une véritable structuration spatiale, entre autres le rôle des frontières en tant que ligne de séparation territoriale (même si elles demeurent perméables), l’éloignement des pôles urbains qui commandent les flux d’échanges des régions frontalières, mais également les problèmes politiques entre Etats restés très aigus depuis l’indépendance. Si ces éléments permettent de saisir les raisons des effets non-structurants de ces frontières sur l’espace, ils permettent également de mieux comprendre les conditions dans lesquelles apparaissent et se développent les périphéries nationales entre deux ou plusieurs pays.