4.1.1 Influence du cours des matières premières

Comme pour beaucoup d’’économies ouvertes’, le volume des échanges entre le Niger et le Nigeria est grandement fonction du rythme de leur croissance économique. Celle-ci a été déterminée depuis les années 1970 par deux variables exogènes : le cours de l’uranium pour le Niger et le cours du pétrole pour le Nigéria. Ces deux facteurs apparaissent comme déterminants dans les échanges nigéro-nigérians, quand bien même leur évolution demande un certain délai de réaction sur les autres agrégats économiques, notamment le volume du commerce extérieur (Djibo, 1989 : 196). En plus de cet effet direct sur la croissance économique, le cours du pétrole agit en ce qui concerne le Nigéria sur la balance des paiements, constituant ainsi avec l’endettement un élément important de la formation du taux de change. Celui-ci a toujours été le déterminant le plus apparent des échanges entre le Niger et le Nigéria. La période de 1970-1980 qui a été marquée par une revalorisation du prix du pétrole en 1973 et 1979 a vu le gouvernement nigérian soutenir avec les ressources pétrolières une excessive surévaluation de la naira, dont les conséquences sur le commerce ont été importantes. En effet, cette situation a permis au Niger d’exporter certains produits (essentiellement agro-pastoraux) à des prix intéressants, de développer son commerce de transit et de s’approvisionner au Nigéria à moindre coût. C’est ainsi que des sociétés d’Etat et d’économie mixte sont venues structurer et formaliser le réseau des échanges : sonara, opvn, sncp, sonidep, sonaran16, etc. A l’inverse, le processus de dépréciation de la naira déclenché par la chute brutale des recettes pétrolières et le poids de la dette a réduit la compétitivité des autres produits exportés par le Niger et renchéri les prix des importations à faible contenu en produits nigérians. On assiste alors à la fin des années 1980 à une baisse des exportations officiellement connues du Niger en direction du Nigéria : 12 859 en 1985 et 8 308 millions en 1986. Du côté nigérien, l’uranium joue ce même rôle sur la croissance. En effet, à partir de 1981, l’économie nigérienne a subi deux chocs significatifs :

  • les baisses de recettes de l’uranium, avec pour corollaire, l’aggravation du service de la dette et la chute des transferts de capitaux extérieurs ;

  • les effets de la conjoncture nigériane.

Ces événements ont été d’autant plus perturbateurs que la stratégie de développement était essentiellement basée sur le secteur minier.

Ainsi l’exportation de produits primaires (arachides autrefois, uranium aujourd’hui17) demeure le mode d’intégration de l’économie nigérienne à la division internationale du travail. Une des implications de ce modèle de croissance est que l’évolution de l’économie nationale se trouve déterminée par le rythme du développement économique des pays industrialisés demandeurs d’uranium et offreurs de capitaux.

Notes
16.

sonara société nigérienne de commercialisation de l’arachide, sncp société nigérienne de cuirs et peaux, opvn office des produits vivriers, sonidep société nigérienne d’importation des produits pétroliers, sonaran société nationale des ressources animales.

17.

49% de l’ensemble des exportations en 1997 ; Banque Mondiale, 1998.