V - Conclusion : la frontière, facteur de dynamisation d’une région

Une disjonction dans l’espace (une frontière) se double bien souvent d’une disjonction entre deux espaces sociaux, la frontière mettant en contact deux types distincts de souverainetés politiques, donc deux structures d’organisation sécrétant chacune des politiques spécifiques. Cela peut alors donner naissance à une périphérie transnationale. L’existence de facteurs structurels (racines historiques, différences de peuplement ou de richesses économiques, différences d’espaces monétaires...), de facteurs conjoncturels, d’avantages comparatifs et de complémentarités économiques, et enfin l’existence de différences dans les politiques nationales sont autant d’éléments générateurs d’une périphérie transnationale. Celle-ci est alors un espace de vie où la frontière a un réel impact sur le quotidien des populations, sur la structuration de l’espace et sur l’organisation sociale. ‘’Elle stimule le déplacement des travailleurs d’un pays à un autre et renforce les échanges commerciaux’’ (Igué, 1990 : 595). Quotidiennement ’pratiquée’, elle est loin d’être une pure contrainte à la libre circulation des personnes, des marchandises, des services et des flux financiers. Elle est à ce titre porteuse de la dynamique et de la régulation sociale nécessaires aux régions éloignées des centres urbains centraux et leur confère une autonomie certaine par rapport à ces derniers. C’est à ce titre que pour la ville moyenne (qui est aujourd’hui en Afrique le niveau territorial de plus en plus sollicité pour impulser le développement de la région qu’il polarise), être localisée dans une périphérie transnationale peut représenter un élément déterminant du développement socio-économique.

A Konni, centre urbain secondaire, cet atout semble être largement exploité et nous nous proposons d’étudier dans les prochains chapitres, de quelle manière et dans quelles conditions, la frontière y est porteuse de dynamisme pour les habitants de la ville et de sa région.