Un certain nombre d’événements ont mené à la création de Konni sur son site actuel. La ville a ensuite connu des évolutions jusqu’à sa structure présente. Nous présenterons dans un premier temps le cadre physique et historique de la ville, avant de voir comment elle se relie aux autres maillons du réseaux urbain national ainsi qu’à son arrière-pays.
La ville est située dans la zone appelée ’vallée de la Maggia’, zone à l’aspect d’une vaste plaine dont l’altitude moyenne est de 270 m (SDAU, 1991). Le site se caractérise donc par un relief assez plat, sans véritable pente, traversé par le lit de l’ancienne rivière Maggia.
Konni fut fondée au début du 19ème siècle23 (1822-1823) par Gourama, fils de Chaïbou chef de Nadabar, ville de l’Ader24. Celle-ci existait déjà depuis environ un siècle et demi, quand une partie de sa population décida de partir avec son prince, pour créer une ville plus grande et plus prospère. On installa alors Konni à proximité de son emplacement actuel, mais en zone inondable, et le site se révéla vite inhabitable en saison pluvieuse. Il fut alors pris conseil auprès d’Ousmane Dan Fodio, figure de proue de la Djihad peule et puissant maître de Sokoto, pour le choix d’un nouvel emplacement. Celui-ci conseilla de détruire le hameau situé sur l’emplacement actuel du vieux noyau et d’y bâtir la ville. Ainsi fut fait et Ousmane Dan Fodio vint personnellement voir le déroulement des opérations et désigna les lieux où devaient être construits la Mosquée et la maison du chef. Gourama régna pendant 40 ans, son fils Adam lui succéda (un descendant de ce dernier représente aujourd’hui encore l’autorité coutumière du canton). La ville avait moins de 80 ans d’existence lorsqu’elle fut confrontée à la colonisation occidentale à la fin du 19ème siècle. La mission d’exploration Voulet-Chanoine rencontra une résistance importante de la population et le premier contact fut sanglant (les autorités coutumières parlent de 10 000 morts). En effet, ‘’pour avoir tenté de résister, la ville a été littéralement rayée de la carte le 9 mai 1899. (...) les cadavres furent jetés dans de grandes fosses, la ville fut ensuite systématiquement détruite sur l’ordre de Voulet’’ (Kimba, 1987 : 155). La ville de Konni ainsi conquise fut réduite par la frontière tracée en 1906 ; avant cela, elle s’étalait jusqu’au-delà de Illéla au Nigéria. Elle devint alors successivement poste militaire, subdivision puis cercle. En 1964, quatre ans après la décolonisation, elle devint chef-lieu d’arrondissement et en 1972 commune urbaine, même si la nomination du premier maire n’est intervenue qu’en 1988 (sdau, 1991).
Ces mutations, de territoire occupé à territoire libre, des travaux forcés pour la population à la liberté de choix de leur activité, ainsi que l’accession administrative au statut de commune urbaine, ont contribué à une évolution démographique certaine. En effet, elle passe d’une population estimée à 6 500 habitants au recensement de 1958, à une population aujourd’hui estimée à plus de 40 000 habitants. De manière concrète, ceci est le fruit conjugué d’une amélioration des différents facteurs de la croissance démographique : une forte natalité de l’ordre de 5,3%, une mortalité moyenne d’environ 1,9% et un solde migratoire positif. La population, à prédominance de Konnawas (originaires de Konni) et d’Aderawas (originaires plus largement de la région de l’Ader) à vocation d’agriculteurs sédentaires, est le fruit de plusieurs migrations anciennes et récentes en provenance de Tahoua, mais aussi des zones djermas telles que Dosso ou Tillabéri.
La vocation agricole de la population est aujourd’hui entretenue par l’existence de vastes champs autour de la ville, ainsi que d’un des plus grands aménagements hydro-agricoles (AHA) du pays (3063 ha aménagés en 1991 - sdau, 1991). Ces AHA enserrent la ville au Nord, à l’Ouest et au Sud, ne permettant aujourd’hui qu’un développement par l’Est (une nouvelle zone y est d’ailleurs en cours de lotissement - Carte ). Mais avant d’arriver à cette situation, plusieurs plans de lotissement ont été réalisés avec un succès très relatif. En effet, le vieux noyau (carte 6) même du développement de la ville retint pendant longtemps la population (au revenu souvent trop faible pour envisager l’achat d’une parcelle), ne consentant à la rejeter dans les nouvelles zones loties que quand il commença à s’asphyxier.
On retrouve ainsi l’essentiel des habitants (75% en 1988) dans l’ancien noyau s’étendant sur moins de 20% de la superficie de la ville. Six quartiers non lotis, mais sillonnés de quelques axes, le composent. Le reste de la ville est constitué de deux grands quartiers lotis et d’un ancien village, Kaoura, accolé à la ville et autour duquel est axé le nouveau plan de développement urbain. L’ensemble de la ’tâche agglomérée’ s’étend sur un peu moins de 500 hectares dont près de la moitié est occupée par les habitations. Le centre de polarisation de la vie urbaine se situe aux alentours du marché et de la grande gare routière. Les activités qui s’y pratiquent (commerce, artisanat, change...) s’étalent constamment de plus en plus loin sur la route qui mène vers le Nigéria, au point d’en faire l’axe le plus animé de la ville. La voirie représente une faible part de la superficie totale urbanisée de la ville et la voirie carrossable se limite à deux voies bitumées de rang national (carte 6) la RN1, traverse la zone administrative située au nord de la ville et l’autre, la RN28, la zone centrale en direction du Nigéria. Leur longueur totale à l’intérieur de la zone urbaine est d’environ 5 km. Il y a également quelques tronçons pavés et quelques voies latéritiques. La faiblesse de ce réseau routier interne pose avec acuité le problème du transport urbain. L’accès à la ville est néanmoins bien assuré.
Nous avons reconstitué cet historique en recoupant les informations fournies par le griot de la famille royale de Konni (on est griot de père en fils) avec lequel nous nous sommes entretenus, et une liste de dates et de faits marquants concernant la ville, que nous a fournie la mairie.
L’Ader, avec le Gobir, le Damagaran et l’Aréwa, constituent l’ensemble du territoire haoussa au Niger.