d) Les personnes dépendantes

Elles représentent près d’un cinquième des populations des ménages. En milieu urbain africain, la fonction d’accueil des ménages est bien connue. Cette fonction les maintient solidaires du reste de la parenté et leur confère souvent une structure dépassant alors le cadre nucléaire. Cela se vérifie dans le cas de Konni où la moitié des ménages accueille et héberge, en majorité de une à quatre personnes extérieures à ce noyau familial (tableau 11).

Tableau 11 : Répartition des ménages selon le nombre de dépendants
Nombre de dépendants Nombre de ménages %
0 130 51
1-2 67 26
3-4 37 15
5 et + 19 8
372 253 100

Les personnes dépendantes sont un peu plus souvent des femmes (54%) que des hommes. Une grande moitié de ces femmes est célibataire et très jeune, en moyenne 9 ans, car la circulation (le ’confiage’) des enfants au sein de la parenté est encore très courante pour des raisons diverses telles que le renforcement des liens ou encore une solidarité socio-économique (Pilon, 1996). Parmi les plus âgées, certaines sont cependant mariées (22%) - ou l’ont déjà été (24%) - et les circonstances de la vie (divorce, veuvage ou encore un mari en exode) ont fait qu’elles se retrouvent seules à un moment donné. Elles vont alors être hébergées, voire prises en charge par un chef de ménage, membre de leur famille.

Les hommes sont, quant à eux, presque tous célibataires (9 sur 10). En fait, tant que l’individu n’est pas marié, il reste dépendant d’un membre plus âgé de sa famille. C’est ce qui se passe traditionnellement, mais si le milieu urbain est suffisamment grand pour permettre l’anonymat, il est alors possible de transgresser la règle - règle qui peut également y évoluer plus rapidement. On trouve ainsi à Niamey jusqu’à 13% de chefs de ménage célibataires (traitement des données de l’enquête réalisée en 1996 par notre équipe), ce qui n’est pas le cas de Konni où nous n’en avons enquêté qu’un seul sur 253. Une plus grande dépendance économique des Konnawas aurait pu constituer une explication à cet écart (par rapport aux Niaméens), mais 9 hommes dépendants sur 10 que nous avons individuellement enquêtés ont une activité professionnelle ou, dans une faible mesure, font des études.

La force des traditions semble donc être ici une des principales raisons au fort taux d’accueil de dépendants dans les ménages et au faible taux de ménages de célibataires ou monoparentaux. Ainsi, les personnes que l’on trouve le plus fréquemment dans les ménages (81%) sont des parents du chef (petits-enfants, frères et soeurs, cousins...) ; il y a également sa belle-famille (8%) et des personnes qui n’ont pas de liens de parentés (11%). Ceux-ci sont des amis, des connaissances ou encore des employés. Dans ce dernier cas, il s’agit de personnes jeunes dont seulement une sur dix a dépassé 30 ans.

D’une manière générale, les dépendants sont des résidents permanents (91%), mais c’est parmi eux que l’on retrouve la totalité des résidents temporaires ou de passage. Ces derniers représentent 2% de la population totale et 9% des dépendants. Ce sont des hommes (les deux tiers) et des femmes (un tiers), jeunes, 28 ans de moyenne d’âge pour les premiers et 20 ans pour les secondes. Ils font partie pour la plupart de la famille élargie et sont présents dans le ménage enquêté pour une durée de moins de six mois. Les raisons de leur séjour vont de la simple visite, aux achats réguliers et à l’exercice temporaire d’une activité rémunératrice. Nous y reviendront plus largement au chapitre 4.