En partant du critère de l’accueil des personnes extérieures, on peut répartir les ménages en 4 groupes (tableau 13). Il y a les ménages nucléaires, constitués de la seule cellule familiale restreinte, c’est-à-dire le père, la mère et les enfants. Certains de ces ménages reçoivent au cours de l’année des visiteurs qui passent au moins une nuit sous leur toit (36%) et d’autres (13%) non. Il y a ensuite les ménages élargis, ouverts à la parentèle et qui hébergent des dépendants. Tout comme les nucléaires, certains d’entre eux vont accueillir des visiteurs, cependant dans de plus larges proportions. En effet, moins d’un ménage élargi sur 5 n’accueille pas de visiteurs, contre un peu plus du quart des ménages nucléaires.
Accueil de Dépendants | Réception de Personnes | Nombre de ménages |
% |
Typologie |
Non | Non | 32 | 13 | ménages nucléaires |
Non | Oui | 90 | 36 | ménages nucléaires accueillant |
Oui | Non | 25 | 10 | ménages élargis |
Oui | Oui | 106 | 42 | ménages élargis accueillant |
Total | 253 | 100 |
Il y a à peu près une moitié de ménages nucléaires et une moitié de ménages élargis (jusqu’à 71% dans le cas des ménages dirigés par des femmes). La taille de ces ménages varie selon le type auquel il appartient (graphe 7).
Les ménages nucléaires qui comptent en moyenne 5,1 personnes sont les plus petits (jusqu’à 86% de moins que les ménages élargis accueillant). Cette petite taille est due bien sûr à l’absence de dépendants dans la cellule familiale, mais aussi au fait que ce sont des ménages moins polygames que les autres (tableau 14), et par conséquent avec moins d’épouses (1,1 au lieu de 1,4), et moins d’enfants que les 3 autres catégories. C’est d’ailleurs pour cette raison que les ménages nucléaires sont également plus petits que les nucléaires accueillant, alors même que les personnes accueillies, 2,6 en moyenne par an, ne sont pas prises en compte dans la détermination de la taille des ménages. En dehors d’un nombre d’épouses plus faible, les ménages nucléaires ont aussi seulement 3 enfants contre 4,3 en moyenne pour les nucléaires accueillant.
Il faut noter enfin, peut-être pour mieux comprendre la présence ou l’accueil dans la cellule familiale de personnes extérieures, que les chefs des deux types de ménages nucléaires sont un peu plus jeunes que ceux des familles élargies. En effet, la moitié n’a pas dépassé 43 ans et 45 ans, et les deux tiers n’ont pas plus de 50 ans. Les chefs des ménages élargis sont quant à eux 50% à avoir dépassé 50 ans (tableau 14). Cela implique pour ces derniers, plus de responsabilités par rapport à la famille étendue et aussi peut-être, un réseau de connaissances plus étoffé.
Typologie | Age médian (ans) | Taux de polygamie |
Ménages nucléaires | 43 | 23 |
Ménages nucléaires accueillant | 45 | 41 |
Ménages élargis | 50 | 48 |
Ménages élargis accueillant | 50 | 35 |
Les ménages élargis et élargis accueillant sont donc plus gros que les autres. La proportion d’enfants dans le ménage est décroissante (respectivement de 50% et 40% alors qu’ils représentaient jusqu’à 64% des ménages nucléaires accueillant par exemple) tandis que celle des dépendants est croissante (23% et 35%).
Outre les raisons évoquées plus haut, cet accueil de personnes et l’hébergement de dépendants est aussi lié à la situation financière du chef de ménage. Ceux qui reçoivent le plus sont en fait ceux qui gagnent le plus d’argent (tableau 15).
Ménages | Revenu moyen des chefs (Fcfa) | Revenu total du ménage (Fcfa) | Revenu/ personne |
Nbre moyen d’actifs | Nbre d’inactifs pour 1 actif | ||||
nucléaires | 12 000 | 18 000 | 3 500 | 1,6 | 2,2 | ||||
nucléaires accueillant | 28 000 | 39 000 | 5 800 | 2,2 | 2,0 | ||||
élargis | 31 000 | 55 000 | 5 900 | 2,8 | 2,3 | ||||
élargis accueillant | 45 000 | 60 000 | 6 300 | 3,2 | 1,9 | ||||
Total | 34 000 | 46 000 | 5 900 | 2,6 | 2,0 |
Les revenus des chefs sont croissants avec la taille du ménage. Il en est de même pour les revenus des ménages car il y a un nombre croissant d’actifs lié au nombre d’individus dans les ménages. Les chefs hébergent donc ou reçoivent aussi parce qu’ils en ont les moyens. Des études menées à Abidjan (Vimard, 1993, cité par Pilon 1996) montrent effectivement que le modèle de la famille nucléaire prédomine dans les couches sociales dominées, constituant en fait davantage une solution imposée par la précarité qu’un choix effectif. Ce sont donc les groupes les plus insérés dans les structures socio-économiques modernes qui perpétuent les pratiques de solidarités familiales et reconstituent les familles élargies. On peut cependant noter aussi que les ménages élargis ont les moyens parce qu’ils hébergent des personnes plutôt actives, qui peuvent contribuer aux ressources du ménage. La crise économique ayant fortement réduit la capacité d’accueil des ménages urbains, la tendance est en effet de plus en plus à l’hébergement dans les ménages de personnes immédiatement actives ou aptes à être employées comme aides familiales par exemple, de manière à réduire les charges du ménage. Cela semble être le cas à Konni, se traduisant par une augmentation du nombre d’actifs dans les ménages à mesure qu’ils sont plus ’ouverts’, entraînant une augmentation du revenu des ménages28. Cela n’entraîne pourtant pas systématiquement un nombre d’inactifs par actif plus faible ; le cas des ménages élargis (tableau 15) par rapport aux autres en est l’exemple concret. Néanmoins, le revenu disponible par personne est croissant, bien que dans une faible mesure.
Il ressort donc à Konni, que les ménages nucléaires disposent de moins de moyens que les ménages élargis, de même que les nucléaires accueillant par rapport aux élargis accueillant. Soulignons néanmoins que nous avons considéré comme revenu du ménage, la simple agrégation des revenus des individus qui le compose. Un tel regroupement ne se justifie que par le fait qu’aucun élément ne nous permet d’estimer la contribution des individus aux dépenses du ménage. De plus il n’existe pour l’Afrique aucun modèle d’affectation que l’on peut généraliser et appliquer au cas qui nous concerne. Nous contentant de cette estimation simplifiée, nous allons maintenant essayer de voir si la hiérarchisation des ménages qui s’est faite en ce qui concerne les moyen financiers, se vérifie également à travers l’équipement dont ils disposent.
Il s’agit du revenu de 58% des ménages et de 77% des chefs. Les non-réponses d’un seul individu du ménage empêchent d’avoir le revenu total de ce ménage, de même qu’une non-réponse sur le revenu d’une activité lorsque plusieurs sont pratiquées, entraîne la perte de l’information sur le revenu total de l’individu.
Les ménages les plus aisés sont aussi ceux qui peuvent employer des domestiques. Ceux-ci, hébergés parfois dans le ménage, peuvent alors en gonfler la taille. Ainsi retrouve-t-on tous les dépendants non-parents (11% des dépendants) dans les ménages élargis accueillant.