1.3.1 Les chefs de ménage

Ils représentent 36% de l’ensemble des chefs de ménage et sont légèrement plus jeunes que les autres (47 ans en moyenne, au lieu de 50 ans). Seuls un peu plus d’un quart d’entre eux sont nés dans la Région de Konni, ce qui entraîne une plus grande diversité ethnique. En effet, c’est seulement parmi les chefs de ménage immigrants que l’on retrouve une distribution ethnique assez proche de celle nationale : une moitié de Haoussas, l’autre moitié étant répartie entre les Djermas, les Peuls et les Touareg. En grande majorité, les chefs ne sont pas venus de leur lieu de naissance s’installer directement à Konni (tableau 40). Et si, avec leurs parents ils n’ont vécu qu’à un seul endroit (tableau 41), généralement loin de la ville dans laquelle ils vivent aujourd’hui, les chefs immigrants ont, pour la plupart, effectué un exode seuls, avant de s’installer à Konni.

Tableau 40 : Nombre de destinations au cours des migrations adultes des chefs
Nombre de destinations Effectifs %
0 16 17
1 20 22
2 28 31
3 21 23
4 et + 7 7
2,2 63 100

Dans leur parcours migratoire, la destination privilégiée est, comme pour les migrants, Niamey. Ainsi, bien que très peu y soient nés (4%) ou y aient vécu avec leurs parents (10%), près de 6 chefs immigrants sur 10 s’y sont rendus. Le reste du pays est également très fréquenté, de même que l’étranger qui a vu passer plus de la moitié des individus. Ceux-ci vont principalement au Nigéria, et moins fréquemment, en Côte d’Ivoire et au Ghana. Le Cameroun et le Mali font également partis des destinations à l’étranger, mais restent marginaux. En revanche, en dehors de la ville, la Région de Konni n’est pratiquement pas fréquentée. La ville de Konni est le lieu tout de suite choisi lors de l’installation dans la Région.

Tableau 41 : Destinations de résidence des immigrants, avec ou sans les parents
Avec parents % Sans parents %
Département de Tahoua 42 46 34 45
Niamey 9 10 44 58
Ailleurs au Niger 42 46 51 67
Nigéria 6 7 22 29
Autre étranger 6 7 18 24
Total des destinations 105 169
Total des individus 92 76
soit : 1,1 lieu de résidence/pers 2,2 lieux de résidence/pers

Avant l’installation à Konni, on observe donc, en dehors du lieu de résidence avec les parents, une moyenne de 2,2 destinations de résidence pour chaque chef ayant entrepris un exode personnel. Cela représente au total, sur l’ensemble des chefs immigrants, environ 3 lieux habités, Konni étant le 4ème. On peut parler là d’une population très mobile. La conséquence de cette mobilité est que l’installation à Konni ne s’est pas faite très jeune : ils avaient en effet 32 ans en moyenne et plus du quart avaient même dépassé 40 ans. Aujourd’hui, ils ont 47 ans, soit une durée de résidence de 15 ans en moyenne à Konni (soit déjà 5 ans de plus que la durée de migration des Konnawas).

Comme pour leurs différents lieux d’exode, ils sont venus à Konni en majorité pour travailler (tableau 42) ; 83% ont d’ailleurs une activité principale et seuls 5% n’ont aucune activité professionnelle. Le motif de travail évoqué ici est plus lié à une affectation et moins à la recherche de travail comme c’est le cas pour les autres catégories de chefs de ménage. Cela est dû à une plus forte scolarisation en français des immigrants (les menant à travailler dans le secteur moderne), les natifs étant quant à eux, plus fortement scolarisés en arabe.

Après le travail, le motif familial est le plus évoqué. Il concerne surtout de femmes qui, aujourd’hui chefs de ménage, parce qu’étant veuves, divorcées ou mariées à un migrant, l’avaient alors rejoint à Konni.

Tableau 42 : Les motifs de venue à Konni
Motif %
Travail 66
Famille 14
Chômage/retraite 5
Début/fin études 3
Autres 11
Total 100

D’autres motifs, plus marginaux (études, chômage, retraite), entraînent également la venue volontaire à Konni. Pour d’autres personnes en revanche, cette venue est juste le fruit d’un hasard qui a fait que, de passage, ils s’y sont plus, y ont trouvé un travail, une épouse... et y sont restés définitivement. Ceci reste néanmoins le cas d’une minorité d’individus. Pour une majorité de chefs de ménage immigrants, l’installation résulte d’une décision réfléchie : près de 60% ont fait un ou plusieurs séjours à Konni avant d’y revenir avec leur famille. C’est pourquoi plus de 4 résidents sur 5 des ménages à chef immigrant sont également immigrants (tableau 43).

Tableau 43 : Parcours migratoire des résidents des ménages à chef immigrant
Sédentaires (%) Migrants (%) Immigrants (%) Total (%)
Chefs - - 100 100
Autres adultes 14 8 78 100
Jeunes 21 11 68 100
Total 12 6 82 100

Les autres individus des ménages dont le chef est immigrant sont des enfants nés après l’installation à Konni, des femmes épousées là, ou encore des parents habitant la ville et qui sont venus, comme cela se fait fréquemment en Afrique, se greffer à la cellule familiale. Malgré l’éloignement de leurs réseaux sociaux initiaux, ces ménages sont en effet presque autant que ceux des natifs, des ménages élargis. La moitié d’entre eux est touchée par le phénomène d’hébergement de personnes extérieures à la cellule nucléaire, ils sont 50% chez les sédentaires et 59% chez les migrants. Les immigrants sont néanmoins un peu plus accueillant que les autres (82% au lieu de 76% et 75%). Les visiteurs reçus au cours de l’année, viennent en général de loin, de zones hors de la Région. Ce rôle de relais que jouent les chefs non originaires de Konni par rapport aux populations venant du reste du pays, nous donne une indication sur l’aspect durable de leur installation.