Ce que l’on peut dire de Konni, c’est qu’elle n’est pas coupée du reste du pays. Il ne s’agit pas d’une entité repliée sur elle-même. Pour se développer et s’agrandir :
la ville de Konni stabilise sa population : les natifs partent à peine plus que ceux de la capitale, tenter leur chance hors de leur lieu de naissance. Ceux qui partent et reviennent le font pour une même raison : travailler ; tout se passe pour eux comme si la migration était dans leur cycle de vie une expérience temporaire, une aventure qui s’est terminée un jour par un retour, probablement définitif pour une majorité puisque l’objectif de trouver du travail est atteint. Il y a enfin ceux qui sont partis et ne sont pas revenus. Nous en faisons, à partir de certains indices, une estimation assez faible. En effet, sont assez peu nombreux, d’une part les chefs de ménage femmes qui ne sont ni veuves ni divorcées (2 sur 253), d’autre part les ménages hébergeant des femmes susceptibles d’être mariées à des migrants (27 sur 253), et enfin les chefs natifs recevant la visite d’un de leurs enfants résidant hors de la ville (13 sur 165).
la ville de Konni attire des personnes qui viennent s’y installer et qui y restent longtemps (en moyenne une quinzaine d’années de présence pour les immigrants). Elles proviennent de l’espace national hors Région, et dans un plus faible mesure de l’espace régional. Ce phénomène de migration vers Konni n’est pas récent. La croissance des arrivées, relativement stable jusqu’à la fin des années 1970, connaît une hausse importante que ne fléchissent ni les crises que connaît le pays dans la décennie 1980, ni celle consécutive à la dévaluation de Fcfa au milieu des années 1990.
On peut alors estimer l’aire d’attractivité de la ville à travers le parcours migratoire des chefs de ménage (graphe 13).
Lecture du graphique :
- trait vert, mouvement des immigrants
- trait rouge, mouvement des migrants
Exemple : 59% des migrants ont séjourné à Niamey, et 4% des immigrants y sont nés
Ainsi, la ville de Konni connaît un développement démographique constant, et pas forcément au détriment de sa Région par un système de ’vase communicant’. Si l’on prend l’exemple de l’arrondissement dans son ensemble, unité spatiale pour laquelle nous disposons de statistiques, on se rend compte qu’il connaît une croissance démographique importante, avec un taux de 3,5% l’an (recensement, 1988 [3]), soit la croissance la plus forte du département de Tahoua. Cela n’est pas dû de manière importante à des migrations internes au département convergeant vers l’arrondissement de Konni, car en 1988 le solde migratoire interne n’était que légèrement positif en faveur de l’arrondissement de Konni. La croissance que connaît l’arrondissement est plus largement due aux migrations externes : 25% des immigrants du département sont localisés dans le seul arrondissement de Konni, en milieu rural et en ville.
Ainsi s’il est vrai que souvent, ’jusqu’à un certain seuil, la ville ponctionne les milieux ruraux pour assurer sa croissance’ (Courade, 1985 : 74), il semble que pour le développement démographique du pôle urbain de Konni, les zones proches ne sont pas vidées de leurs habitants, la ponction se faisant plus loin. Aujourd’hui les natifs de l’arrondissement représentent 20% des immigrants de la ville, ils ne constituent finalement que 7% de l’ensemble des citadins et 0,8% de la population de l’arrondissement. De plus, la population est relativement stable et il semble qu’une forte proportion de natifs qui partent reviennent à Konni. En outre, leur une durée de migration est plus courte que celle observée chez les immigrants.
Après cette analyse de l’aspect stabilisateur de la ville à travers une logique de localisation résidentielle, de migration et de retour, nous tenterons maintenant d’appréhender Konni sous l’angle de son attractivité au quotidien. Nous le ferons par le biais des flux que nous qualifions de temporaires du fait de leur caractère passager et, dans une bonne mesure, pendulaire.