Le comportement d’achat des ménages est très lié au comportement des individus qui le composent, principalement à celui qui le finance ou/et à celui qui en a la charge. Or, l’achat pour la famille n’est pas dévolu à une personne unique dans le ménage. Ainsi dans les ménages où l’achat se fait aussi en dehors de Konni (soit les trois-quarts), il y a près de 2 personnes qui en ont la charge (tableau 55). Le chef est le principal acteur, mais c’est une tâche qui concerne aussi les épouses, les enfants et, à un moindre niveau, les autres parents hébergés dans le ménage.
Chef | 0,7 |
Epouse | 0,5 |
Enfant | 0,5 |
Autre parent | 0,2 |
Nbre moyen d’individus / ménage | 1,9 |
Or, nous avons vu que les pratiques tendent à être divergentes selon que l’on est adulte ou jeune, sédentaire ou non, aisé ou au contraire pauvre. A Konni, les ménages sont grands et relativement hétérogènes, tant sur le plan du parcours migratoire (chefs, épouses et personnes hébergées peuvent avoir des parcours différents) que sur le plan financier (les individus les plus jeunes du ménage et les femmes ont souvent un revenu plus faible que les autres).
Il est donc difficile dans ces conditions, de dessiner une ligne générale des pratiques d’achat des ménages de manière à les distinguer les uns des autres. Il semble néanmoins que, indépendamment des individus des ménages et de leurs caractéristiques socio-démographiques, un facteur entre en jeu dans la distinction des ménages : c’est la taille. Ainsi, sur 10 ménages qui ne quittent pas la ville pour le ravitaillement familial, 5 sont de petits ménages n’excédant pas 5 individus, et 4 hébergent entre 6 et 10 personnes en leur sein ; seul 1 sur 10 fait partie des gros ménages (plus de 10 personnes), alors que ces derniers représentent la moitié de l’ensemble des ménages de la ville. En raison de leur taille plus réduite, ces ménages n’ont pas forcément besoin de quitter la ville pour se procurer ce dont ils ont besoin, dans la mesure où le facteur quantité est relativement déterminant dans la motivation à l’achat hors de la ville. Il y a également le manque de moyen financier : plus petits, ces ménages comportent aussi moins d’actifs (2 individus de plus de 13 ans au lieu de 3), ce qui peut alors entraîner un revenu total plus faible. De fait, les ménages qui déclarent faire des achats hors de Konni ont en moyenne un revenu plus de trois fois supérieur à celui des autres (56 000 Fcfa contre 17 000 Fcfa), ce qui leur permet de sortir de la ville et d’aller, notamment à Illéla, pour les achats nécessaires à leur grande famille (en moyenne 9 individus) à laquelle il faut ajouter les personnes reçues régulièrement au cours de l’année (3 au lieu de 2 pour les autres ménages).