3.3.2 La sociabilité hors de la ville

La sociabilité hors de la ville est plus difficile à appréhender à partir de la mobilité quotidienne. En effet, très peu de déplacements ont été réalisés pour ce motif la veille des enquêtes. Seuls 1% des individus de plus de 13 ans déclarent avoir quitté Konni la veille pour rendre visite à des parents, des amis... Cela constitue à peine 2% de l’ensemble des déplacements de sociabilité. Cela est liée à la faiblesse des fréquences auxquelles les individus sortent de la ville pour le motif de sociabilité : 85% des personnes visitées le sont seulement moins d’une fois par mois, ou plus rarement. De ce fait, la part de la sociabilité hors de la ville qui apparaît dans la mobilité quotidienne est bien trop faible pour constituer un échantillon représentatif. C’est pourquoi nous nous contenterons de l’étude des réseaux déclarés, de leur nature, de leur localisation spatiale et de leur fréquentation.

Sur 5 individus, 3 disent sortir de Konni pour rendre des visites de sociabilité, et 2 n’en ont pas le besoin. Du fait qu’on se déplace principalement pour voir de la famille ou des amis (tableau 57), les personnes n’effectuant aucun déplacement non-urbain de sociabilité sont essentiellement natives de Konni.

Tableau 57 : Nature du réseau des personnes quittant la ville pour sociabilité (%)
Rendre visite à : Oui Non Total
Sa famille 93 7 100
La famille du conjoint 21 79 100
Des amis 11 89 100
Autres 2 98 100

Cependant, même si les natifs de Konni représentent la majeure partie des individus qui ne quittent pas la ville pour le motif de sociabilité, ils restent nombreux à avoir un réseau hors de la ville (tableau 58).

Tableau 58 : Répartition des individus ayant un réseau de sociabilité hors de la ville selon leur parcours migratoire
Parcours migratoire Effectif % par rapport à l’ensemble % par rapport à l’effectif total du groupe
Sédentaires 214 37 42
Migrants 82 14 63
Immigrants 281 49 81
Total 577 100 58

Ce sont les immigrants, qui ont souvent laissé derrière eux des membres de leur famille, qui sont le plus enclins à repartir au moins une fois dans l’année pour leur rendre visite. Si en moyenne ils sont 8 individus sur 10 dans ce cas, la proportion est encore plus grande lorsque l’on fait référence à la population adulte, notamment les chefs de ménage et les épouses, dont la quasi-totalité est dans ce cas. C’est aussi cette catégorie d’individus qui possède le réseau le plus important : 1,5 personne qu’on va voir hors de Konni, contre 0,6 pour les sédentaires et 1,1 pour les migrants. La famille est pour tous les groupes le premier lieu des visites, avec néanmoins une tendance plus grande pour les migrants à aller voir des amis, certainement connus lors de leur exode, et une tendance pour les immigrants à aller voir également la famille de leur conjoint (car rappelons que les immigrants sont les plus fortement mariés à d’autres immigrants).

De fait, les immigrants sont ceux qui vont le plus loin au Niger et fréquentent le moins le Nigéria (tableau 59), ce qui se comprend, car n’étant pas pour une majorité d’entre eux originaires de la Région, il y a bien peu de chances qu’ils y aient des attaches familiales. Ceux qui y vont sont en fait des personnes natives de la Région, même si non-natives de Konni, essentiellement nées au Nigéria mais de nationalité nigérienne.

De manière générale, la Région de Konni est fréquentée plus largement par les sédentaires pour lesquels les deux tiers du réseau y sont localisés. Elle est fréquentée aussi, mais dans une moindre mesure, par les migrants qui, du fait de leur exode, ont plus fortement développé leur réseau de longue distance au détriment de celui de proximité.

Tableau 59 : Localisation spatiale du réseau social en fonction du parcours migratoire des individus
Sédentaires
%
Migrants
%
Immigrants
%
Ensemble
%
Rayon de 100 km au Niger 46 34 33 37
Rayon de 100 km au Nigéria 20 13 5 11
Plus 100 de km au Niger 27 43 56 45
Plus de 100 km au Nigeria 7 8 5 6
Etranger 1 1 1 1
Total 100 100 100 100

L’espace pratiqué hors de la ville pour le motif de sociabilité est vaste, mais possède des frontières qui varient selon le parcours migratoire des individus. Pour les sédentaires, la frontière entre le Niger et le Nigéria est relativement inexistante, ce sont les limites de la Région qui sont déterminantes. Les migrants se sont affranchis de toute frontière, qu’elle soit internationale ou régionale, et pratiquent largement l’espace national, de même que le Nigéria, mais dans une moindre mesure. Pour les immigrants, ceux qui sont nés dans la Région la fréquentent et les autres peu. En effet, si l’effort de sociabilité urbaine est important chez les arrivants pour une meilleure intégration, il n’est pas forcément nécessaire au niveau extra-urbain. Les lieux de la sociabilité hors de la ville se résument alors souvent aux lieux où ils ont vécu avant l’installation à Konni.

En fonction de l’espace pratiqué, et même si dans l’ensemble la fréquentation reste faible, l’intensité d’usage varie. Cette variation est liée à la distance et les individus habitant l’espace régional sont alors plus souvent visités que les autres. En effet, seul un peu plus d’un tiers des personnes leur rendant visite le font moins d’une fois par an, alors qu’ils sont 64% pour l’étranger (hors Nigéria) et 55% pour le Nigéria, à une distance supérieure à 100 km.