Les mouvements que nous avons identifiés dans la ville et dans la Région, prouvent que la Région de Konni a une existence concrète et constitue, par de nombreux aspects, une périphérie transnationale avec un pôle dynamisant sa Région.
La ville et sa région croissent sans se nuire, en attirant des populations plus lointaines et en stabilisant leurs propres populations. En ce qui concerne la Région, les zones qui la composent connaissent une croissance non négligeable et un solde migratoire positif. Pour ce qui est de la ville, nous pouvons résumer le phénomène à travers le graphe 21.
L’entité que constitue Konni n’est donc pas, comme on le dit souvent des centres secondaires, juste un point de transit vers des centres urbains plus importants. C’est un lieu qui attire et retient de manière durable. Les personnes installées vont alors servir de relais à une population plus volatile, venant de la Région et du reste du pays. Ainsi, hormis les dépendants hébergés plus de 6 mois par an dans les ménages, les chefs accueillent également dans leur foyer des personnes pour de courtes durées. Quatre cinquièmes des chefs immigrants et trois-quarts des natifs sont concernés par ce phénomène. Ces flux entrants moins permanents (’journaliers’ et ’visiteurs’) prouvent le pouvoir attractif du pôle régional. Attraction régionale au quotidien et donc fort usage de l’espace par les populations de la région pour des motifs économiques ou de sociabilité, mais également (dans une plus faible mesure) attraction au niveau national (graphe 22).
Cette capacité de Konni à polariser est un important garant de la stabilité de la population régionale. L’articulation des niveaux urbain et régional est révélée par l’usage de la ville par les régionaux, ainsi que par l’usage qu’ont les citadins des espaces urbain et régional. Il apparaît alors, en ville, une utilisation intense du quartier d’habitation par rapport aux autres espaces pour les motifs domestiques et de sociabilité, et une plus forte fréquentation de l’espace urbain pour le motif professionnel (lorsque le lieu de travail n’est pas localisé dans le domicile). Hors de Konni, les principaux flux sortants, que ce soit au niveau professionnel ou pour l’approvisionnement domestique, sont presque exclusivement concentrés dans la région (graphe 23) - et assez fortement sur Illéla. Seule la sociabilité attire une partie des Konnawas hors de cet espace de vie que constitue la Région. En dehors de celle-ci, l’espace est donc finalement assez peu présent pour les citadins, et lorsqu’il est fréquenté, la fréquence se révèle très faible.
L’espace de la région est donc un espace qui se dessine à travers les interrelations entre les populations et à travers l’usage qui en est fait. Tout en gardant un contact permanent avec son environnement national et (moins fortement il est vrai), international, cet espace apparaît comme une périphérie transnationale, comme un espace relativement autonome, générateur d’un dynamisme capable d’initier à partir du pôle un développement économique dans toute la région. C’est l’existence de ce dynamisme économique que nous devons maintenant vérifier. C’est ce que nous allons tenter de voir dans le prochain chapitre en étudiant l’activité économique dans la ville à partir de quelques secteurs clés.