1.1 Caractérisation et typologie du commerce

Certaines caractéristiques permettent de décrire le commerce à Konni. Après les avoir passées en revue, nous en établirons une typologie en fonction des plus importantes d’entre elles.

1.1.1 Les caractéristiques du commerce

Dans notre enquête, l’activité commerciale est principalement décrite par 6 caractéristiques : le revenu, les pratiques d’approvisionnement, le type de produits vendus, la fonction du commerçant, le lieu de pratique de l’activité et la place du commerce dans les activités professionnelles des individus.

Ainsi, une majorité de citadins (90%) le pratique en activité principale, et une faible proportion (14%) en activité secondaire, généralement en complément d’une activité agricole principale d’autoconsommation ou pour quelques uns (4%), en complément d’un autre commerce considéré comme l’activité principale.

Le commerce se pratique à Konni de manière indépendante. En effet, 9 individus sur 10 (tableau 64) exercent leur activité seuls, ou avec une aide de type familial. Très peu de commerçants (8%) sont patrons ou employés, d’autant plus qu’il s’agit presque exclusivement d’une activité informelle.

Tableau 64 : Les fonctions exercées dans le commerce
Effectif %
Indépendant 283 89
Patron 13 4
Employé 12 4
Aide familiale 10 3
Total 318* 100
*86% en activité principale, 4% en activités principale et secondaire, 10% en activité secondaire

La majorité des commerces sont de proximité (tableau 65), réalisés à domicile (47%) ou dans le quartier d’habitation (22%). Généralement localisés en un lieu fixe, il faut néanmoins noter un taux relativement important de commerces ambulants : près d’un commerçant sur cinq, deux fois plus qu’à Niamey.

Tableau 65 : Localisation de l’activité
Effectif %
Domicile 148 47
Fixe dans le quartier 70 22
Ambulant 54 17
Fixe à l’extérieur du quartier 46 14
Total 318 100

Les produits vendus sont principalement de type alimentaire (tableau 66) et concernent les trois quarts des actifs du secteur commercial. Les autres sont des produits à usage domestique (ustensiles de cuisine, ameublement, carburant, produits d’hygiène...) ainsi que des articles liés à la mécanique.

Tableau 66 : Les types de produits vendus
Effectif %
Restauration 141 44
Fruits-légumes-condiments 36 11
Produits divers (dont ceux vendus par des tabliers*) 28 9
Aliments divers 24 8
Produits domestiques 23 7
Produits agro-pastoraux frais 18 6
Animaux sur pieds 14 4
Céréales 14 4
Véhicules-pièces détachées 7 2
Produits d’hygiène 7 2
Textile-habillement 6 2
Total 318 100
*commerçants à étal, ayant la caractéristique de disposer sur leur table d’articles très divers

L’approvisionnement pour ces produits donne lieu à des pratiques spécifiques. Il s’agit aussi bien des lieux qui sont fréquentés (tableau 67), que des fréquences d’approvisionnement, des sommes investies et du mode de transport utilisé ; mais nous reviendrons plus loin sur les déterminants des pratiques d’approvisionnement autres que le lieu, en analysant dans le détail les diverses activités commerciales de la ville.

Tableau 67 : Les lieux d’approvisionnement combinés
Effectif %
Konni 134 42
Konni et Illéla 86 27
Illéla 30 9
Konni et région (hors Illéla) 20 6
Région de Konni (hors Konni et Illéla) 11 3
Hors région de Konni 9 3
Konni et hors région 2 1
Aucun approvisionnement* 26 8
Total 318 100
*8% des commerçants déclarent ne pas avoir besoin de se fournir en biens quelconques ; cela peut être exact pour une moitié d’entre eux qui vend des produits agro-pastoraux plus ou moins transformés, mais pour les autres, il peut s’agir d’une mauvaise compréhension de la question. Ceci ne représente cependant pas un biais important car ils sont répartis dans tous les types de commerce.

Les lieux privilégiés, représentant 70% des cas, sont Konni et Illéla, seuls ou combinés. Hormis ces deux villes, la région de Konni est fréquentée par 1 commerçant sur 10. Moins d’un commerçant sur 25 sort de la région pour s’approvisionner.

Dernier critère majeur de caractérisation de l’activité commerciale, le revenu n’a pas été indiqué par un cinquième des commerçants et a donc dû être en partie reconstitué. Nous avons calculé le revenu moyen des individus qui l’ont déclaré (20 000 Fcfa), et identifié des catégories de taille de commerce (tableau 68) en posant un certain nombre d’hypothèses : une activité ne rapportant pas plus de la moitié du revenu moyen (ce qui correspond aussi ici au revenu médian) peut être considéré comme d’appoint ou de survie (petit commerce) ; entre 0,5 et 1,5 fois le revenu moyen, l’activité permettrait de vivre, et même de faire vivre une famille (moyen commerce). Au-delà de cette dernière limite, l’activité commence à prendre une certaine envergure, et mérite d’être distinguée (gros commerce).

Les qualificatifs ainsi déterminés sont alors appliqués aux individus ayant déclaré un revenu. A type de produits vendus, fonction de l’individu (patron, employé, indépendant...) et place du commerce dans l’activité professionnelle (première ou secondaire) équivalents, nous supposons les mêmes gains. Nous appliquons alors cette nomenclature aux personnes n’ayant pas déclaré leur revenu. Ainsi, 17% des petits commerçants ont un revenu reconstitué, 30% des moyens et 12% des gros commerçants.

Tableau 68 : Taille des commerces selon le revenu
< ;=0,5*Revenu moyen 0,5-1,5*Revenu moyen > ;1,5*Revenu moyen Ensemble
Revenu (Fcfa) [0-10 000] ]10 000-30 000] ]30 000 et + [ 20 000
% de population déclarant un revenu
Hommes
Femmes
53

36
61
32

33
31
15

31
8
100

100
100
Qualificatif Petit commerce Moyen commerce Gros commerce
% de population totale après extrapolation 51 36 13 100

Il en ressort que la moitié des commerçants de la ville sont des petits commerçants. Le reste se répartit entre moyens et gros commerces dans les proportions respectives d’environ trois-quarts/un quart. Il apparaît également que le petit commerce est plutôt l’apanage des femmes et le gros commerce, celui des hommes. Le commerce moyen est pratiqué dans les mêmes proportions par les deux genres.

En fonction des différents caractères que nous venons de voir, nous avons choisi de constituer des types de commerces, de manière à les appréhender plus systématiquement.