Pour construire cette typologie, nous utilisons le type de produits, la localisation du lieu de vente et du lieu d’approvisionnement, ainsi que le revenu. Nous mettons de côté le critère ’fonction’, car celles autres que ’indépendant’ sont trop peu nombreuses pour constituer des groupes représentatifs. De même, nous ne distinguons pas le commerce exercé en activité principale de celui exercé en activité secondaire. En effet, seul 1 individu sur 10 pratique le commerce uniquement en activité secondaire. De plus, en terme de revenu, il se distingue à peine des autres (une moitié est constituée de petits commerces, un quart de moyen commerces et un quart de gros commerces).
Avec les quatre variables citées, nous avons réalisé (graphe 24) une analyse factorielle des correspondances multiples (AFC multiples).
inertie axe1 :15%
inertie axe2 : 14%
variance expliquée : 29%
Notons qu’une première AFC multiples a été réalisée avec l’ensemble des produits vendus, mais le bétail, ainsi que les pièces détachées et véhicules, trop typés ’gros commerces’ réalisés à l’extérieur du quartier d’habitation, déformaient trop les axes et tassaient les autres variables et modalités qui devenaient alors peu lisibles. Nous les avons donc éliminés de cette nouvelle analyse, de même que les lieux d’approvisionnement en dehors de la région de Konni qui, trop peu nombreux, avaient quasiment le même effet.
Il ressort de cette AFC multiples, une double tendance. Sur l’axe 1, les commerces se répartissent des plus gros aux plus petits tandis que sur l’axe 2, ils s’échelonnent des commerces concernant une seule catégorie de produits (produits domestiques, alimentation, produits frais ou encore restauration) à ceux amalgamant plusieurs catégories de produits. C’est le cas des tabliers ou des ’divers’, qui vendent aussi bien des produits à usage domestique que des vivres par exemple. Il s’agit de commerçants de quartier qui pratiquent leur activité en un endroit fixe à l’intérieur de leur quartier d’habitation, et de moyenne envergure. La diversité des produits vendus conduit à une pluralité du lieu d’approvisionnement à savoir Konni et Illéla.
Il apparaît ici assez clairement l’importance de l’envergure du commerce sur les pratiques commerciales mêmes : plus l’affaire est grande, plus le lieu d’approvisionnement est éloigné de Konni et plus l’activité est localisée loin du domicile. A l’inverse, plus l’affaire est petite, plus l’approvisionnement se fait à Konni et l’activité pratiquée au domicile ou à proximité. Eu égard à cette incidence importante de la taille sur les comportements, nous allons répartir les commerces en fonction de leur position sur l’axe 2 (taille du commerce). Le gros commerce constitue un groupe que nous avons a priori séparé des autres. L’importance de la restauration (44% des commerçants), ainsi que son caractère de service nous incite à la distinguer. Nous obtenons alors avec cinq catégories (tableau 69).
Typologie des commerces | Effectifs | % |
Petit commerce | 87 | 27 |
Petite restauration | 74 | 23 |
Commerce moyen | 60 | 19 |
Moyenne restauration | 54 | 17 |
Gros commerce | 43 | 14 |
Total | 318 | 100 |
L’analyse factorielle réalisée à partir de cette typologie nous donne la catégorisation suivante (graphe 25). Le petit commerce et la petite restauration sont des activités plutôt pratiquées à domicile ou confiées à des vendeurs ambulants (Graphe ) par des personnes âgées45 ou adultes (graphe 26)à qui elles fournissent un revenu d’appoint et non le revenu principal du ménage.
inertie axe1 :17%
inertie axe2 : 13%
variance expliquée : 30%
Les activités de moyenne envergure sont réalisées souvent dans le quartier d’habitation, par des jeunes, des femmes en ce qui concerne la restauration, des hommes pour les autres commerces. Il s’agit probablement pour les uns et les autres d’un moyen de subvenir à leurs besoins personnels, et de contribuer au revenu du ménage. Avec l’âge, les femmes, nous venons de le voir, baissent le niveau de leur activité, certainement appelées à la tenue d’un ménage, tandis que les hommes, plutôt appelés à entretenir un ménage, vont l’augmenter. Ainsi, le gros commerce est assuré par des hommes, adultes ou âgés.
Après avoir identifié les types de commerces, nous allons maintenant pouvoir les analyser à travers leur organisation et les caractéristiques sociales de ceux qui les pratiquent. Nous étudierons en priorité et plus en détail les catégories dominantes de chacun des types de commerce.
Pour la répartition jeune/adulte, nous avons gardé la limite d’âge déterminée dans le chapitre 4 (17 ans pour les femmes et 24 ans pour les hommes). Pour la répartition adulte/personne âgée, la limite retenue est l’espérance de vie au Niger (45-46 ans). Nous avons ainsi considéré comme âgée toute personne ayant plus de 45 ans.