Ce sont pour moitié des chefs de ménage, et pour moitié des jeunes enfants du chef.
Ces derniers sont des filles ou des garçons qui font de la vente ambulante ou à proximité de leur domicile, pour leur propre compte, mais aussi souvent pour le compte d’un de leurs parents. Dans ce dernier cas, n’étant pas salariés, le revenu financier de l’activité est nul pour eux.
Les chefs de ménage sont petits commerçants de manière accessoire, c’est-à-dire comme complément financier d’une agriculture d’autoconsommation. De plus, l’agriculture en tant qu’activité par essence saisonnière, laisse le temps en période creuse d’exercer une activité rémunératrice, même faiblement comme c’est le cas ici. Pour certains chefs, les plus âgés, il pourrait s’agir d’un choix délibéré de maintenir leur commerce à si petite échelle, leur agriculture ainsi que la forte activité des autres membres permettant de faire vivre le ménage. Pour d’autres chefs en revanche, spécifiquement les plus jeunes, la pratique du commerce n’apparaît pas vraiment comme un choix, mais répond à la nécessité de trouver un moyen d’entretenir une famille. C’est dans cette catégorie que l’on retrouve les petits tabliers, vendeurs de cigarettes, savon et autres sucreries, disséminés un peu partout sur les artères de la ville et dont certains sont des agriculteurs de la région de Konni, qui s’installent en ville pour faire un petit commerce pendant la saison sèche. Nous nous sommes entretenus avec l’un d’entre eux, pour lequel ce commerce est une activité saisonnière, complément d’une activité agricole à petite échelle également, insuffisante pour entretenir une famille. A l’instar, dit-il, de bon nombre de ses amis dans la même situation, le choix de Konni n’a pas été fait pour profiter explicitement de la frontière proche.
‘Je ne fais aucun usage de cette frontière. Pour moi la seule différence entre Konni et une autre ville c’est qu’il y a plus de monde et plus de mouvement et ça c’est bien pour le commerce. Je m’approvisionne uniquement au marché de Konni (je ne suis jamais allé ailleurs), 2 fois par semaine et dans le pire des cas (c’est-à-dire quand la semaine n’a pas été bonne), 1 fois.’La clientèle étant dans ce cas des passants, le mouvement important de population dans la ville est effectivement un facteur de pérennisation de ce type de commerce.
D’une manière générale, on peut dire que le petit commerce, commerce de très grand détail et donc de petit profit, se nourrit de la vie de quartier. Il vit aussi de la présence de la frontière par l’animation qu’elle procure à la ville. Il n’y a pas vraiment un usage direct de la frontière mais un usage par procuration. En effet, hormis quelques petits commerçants qui vont personnellement s’approvisionner à Illéla, la très grande majorité se fournit à Konni, auprès de commerçants moins petits, ou encore hors de Konni, mais par le biais de personnes qui s’y rendent.