La vente de nairas contre des Fcfa permet de répondre à des besoins monétaires de deux types : personnel et professionnel. Les clients sont donc aussi bien les non-commerçants que les commerçants.
Il s’agit des habitants de Konni et de sa région, ainsi que des visiteurs venant de tout le Niger. En effet, les Konnawas, bien qu’ayant massivement recours aux cambistes, sont perçus par les agents comme représentant une petite partie de leur clientèle.
‘Le jour du marché de Illéla, on voit des gens de tout le pays qui viennent avec leur voiture pour faire des achats.’Ce sont aussi bien des hommes que des femmes, qui échangent des sommes de 5 000 à 10 000 Fcfa et jusqu’à 100 000 Fcfa. Mais la moyenne des sommes échangées serait, selon les agents, de l’ordre de 20 000 à 30 000 Fcfa. Pour une majorité de Konnawas (deux tiers de ceux y ayant recours), le change s’effectue au marché auprès de n’importe quel cambiste.
Pour cette clientèle, comme pour les commerçants ainsi que nous le verrons plus loin, il y a 2 jours d’affluence dans la semaine : le dimanche, jour du marché de Illéla, pour les gens des villes (Tahoua, Madaoua...) et villages proches, et le samedi pour ceux qui viennent de plus loin (Niamey, Agadez...) car ils changent à leur arrivée, de manière à partir directement au marché le lendemain matin.
Tous les habitants de la région ne passent pas la frontière à Konni. Il existe d’autres points de passage plus petits, mais surtout bien moins animés. Ainsi, pour que les personnes vivant à proximité puissent les utiliser, les cambistes de Konni (indépendants ou employés par un grossiste) vont approvisionner les villages. Pour ceux qui le font, le bénéfice peut être plus substantiel qu’à Konni.
‘Je vends ici à Konni, mais aussi à Dogon Doutchi Katari. Je gagne plus en vendant là bas qu’ici où c’est une grande ville et où il y a des allers-retours incessants. J’emmène les nairas d’ici et j’en rachète sur place si besoin est (à ceux qui vendent leur bétail au Nigéria). On arrive à avoir des marges bénéficiaires d’environ 3 nairas pour 1000 Fcfa. J’y vais en général une fois par semaine le samedi, et plus exceptionnellement deux fois.’De manière générale, pour la population que nous décrivons ici, il s’agit d’acquérir la naira pour se rendre au Nigéria et acheter des biens de la vie quotidienne, le seul bien de caractère exceptionnel (le pèlerinage à la Mecque) qui faisait l’objet d’une grande activité de change n’étant plus sollicité.
‘Aujourd’hui, les tarifs du séjour (à la Mecque) sont presque les mêmes au Nigéria qu’au Niger ; ce qui fait que les gens ne passent plus par le Nigéria.’Hormis les besoins personnels des populations, la vente de nairas contre des Fcfa permet de répondre aux besoins monétaires des importateurs nigériens.