3.3 L’offre de transport à Konni : une vraie nécessité garantie de pérennité

D’une manière générale, l’offre de transport répond à un besoin vital de déplacement de toute la région (nous l’avons vu avec les journaliers et les visiteurs), et de manière plus particulière, des habitants de Konni. Soulignons en effet que dans un but professionnel, 2 actifs sur 5 se rendent hors de la ville, et à cette occasion, 9 lieux fréquentés sur 10 sont atteints en voitures du marché. Dans un but personnel, 70% de la population quittent également Konni pour faire des achats ou rendre des visites de sociabilité ; dans ce cas également, et sachant qu’un tiers des habitants de Konni n’ont accès à un véhicule personnel ni à l’intérieur de leur ménage, ni à l’extérieur, un fort usage des transports en commun est nécessaire.

Or dans les villes moyennes, aussi bien au niveau urbain qu’interurbain, de nombreux facteurs tels que le manque de moyens financiers des entités spatiales décentralisées, la faiblesse des infrastructures et leur trop faible inadéquation aux besoins réels, entravent la mise en place d’un quelconque système de transport institutionnalisé, comme on en trouve dans les grandes villes. Les solutions qui apparaissent alors, sous des formes artisanales et/ou informelles, peuvent être considérées comme des solutions de remplacement, adéquates dans le contexte économique actuel, dominé par les activités informelles. Dans la mesure où l’économie informelle a des besoins en transport assez spécifiques (Griéco, 1996) par exemple en termes de coût, d’itinéraire, de facilité et de rapidité d’accès, de transport de marchandises autant que de personnes, c’est le secteur informel qui peut le mieux les satisfaire en raison d’une grande flexibilité et d’une capacité à s’adapter aux ’conditions physiques (ruelles étroites, quartiers sans voirie, etc.), climatiques et culturelles’ (Bessonne, 1988 : 7). Le service s’organise en fonction de la demande et en ce sens, répond parfaitement aux besoins de la population. En l’absence, ou du fait de l’insuffisance des transports dits ’conventionnels’, ceux qui existent apparaissent vitaux pour les villes des pays en développement car contribuant au niveau local au bon déroulement des activités socio-économiques. Ainsi, même si leur impact exact sur le développement régional n’a jamais vraiment été évalué (Sieber, 1996), toutes les analyses économiques faites sur ce sujet reconnaissent à ces systèmes de transports, souvent structurés, organisés, et légalement reconnus mais néanmoins qualifiés d’informels, un rôle important dans l’accroissement du bien-être collectif.