4.1.2.4. LE PARCOURS D’INSERTION

La logique de dépossession, que j'ai évoquée plus avant et que l'on retrouve dès le système scolaire, va induire une conduite d'échec dès la scolarité : ‘<<Moi je voulais absolument continuer ma scolarité, j'avais déjà redoublé ma 6ème et ma 5ème mais je voulais absolument continuer, y a pas de raison, ils m'ont plus voulue, ils m'ont orientée dans un LEP pour faire de la vente...j'y suis restée un an ça ne me plaisait absolument pas (...) après j'ai arrêté l'école>>’ . Comme Latifa, comme la plupart des jeunes rencontrés si ce n'est tous, Christine va faire l'objet d'une procédure de réorientation scolaire.

S'il faut chercher un dénominateur commun chez ces jeunes, et chez ceux qui fréquentent les Missions Locales de façon générale, c'est bien le rapport à "l'échec scolaire". Qu'il s'agisse d'un "échec objectif", attesté par la réorientation dans des filières scolairement et socialement dévalorisées, ou d'un "échec subjectif", qui renvoie à un objectif fixé non atteint même s'il ne renvoie pas à un processus de contrainte imposée par une instance extérieure, "l'échec scolaire" est ce qui caractérise l'ensemble des jeunes rencontrés. Je suivrais ici tout à fait l'analyse relative au niveau de formation que propose Chantal NICOLE-DRANCOURT : ‘<<On connaît l'importance de la scolarité aujourd'hui dans les devenirs sociaux. Mais paradoxalement, la formation à ces niveaux intermédiaires est moins déterminante "en soi" (un CAP, BEP ou BAC n'est plus un ticket d'entrée garanti sur le marché) que "pour soi" (où en est l'individu avec son diplôme réussi ou raté). En conséquence, il faut analyser le niveau de formation, moins dans sa version finale, que dans l'écart entre ce qui est tenté et ce qui est obtenu.>>’ 227

Notes
227.

1991, p 93