4.1.2.7.5. LA SORTIE

Certains vont alors rompre avec le modèle social dominant qui ne leur laisse entrevoir aucune issue positive. ‘<<À force, pas d'échouer, mais de tomber dans des mauvais trucs, à force de se faire prendre pour des poires, ben la plupart, ils sont comme ça ils attendent (...) et puis autre chose sans travailler, sans RMI, y en a qui s'en sortent très très bien mais ça ne me regarde pas...peut-être qu'ils ont raison, si y a pas de travail (...) peut-être qu'il faut changer de, y en a qui sont vraiment plus dans le système et qu'ont pas l'intention d'y retourner un jour (...) mais si c'est pour rester dans le système dans ces conditions là heu !! y en a qui réagissent plus vite que d'autres...après c'est fini on peut plus rentrer dedans c'est fini c'est pour ça que moi je résiste jusqu'au bout et puis on verra bien’>>. Image d'un sas d'exclusion à double entrée. Exclue du "système" par une société qui ne lui reconnaît pas de place, ni comme "travailleuse", ni comme "mère". Exclue de ceux qui se sont exclus, avec courage et audace, du "système". Christine résiste dans un sas d'exclusion dont elle ne parvient pas à sortir par la grande porte, et dont elle a peur de sortir par la petite, car la sortie sera alors sans retour.

Double exclusion dont elle se sent victime en tant que femme, doublement fragilisée : ‘<<C'est vrai c'est surtout les mecs c'est surtout mes potes qui sont comme ça, les filles c'est pas pareil, disons que peut-être qu'une fille si elle est en dehors du système c'est peut-être un peu plus dur pour elle de s'en sortir au niveau financier en tout point de vue quoi donc elle aura peut-être plus tendance à vouloir continuer, puis bon il suffit qu'elle tombe sur un mec, elle se case avec un mec en dehors du système, c'est fini après elle prend le même chemin, mais c'est pas pareil, c'est pas la même mentalité>>.’

Hommes et femmes ne sont pas égaux face à l'exclusion. Il semblerait pour Christine, ainsi que pour Béatrice et Nagette, que ce soit un "luxe" que les femmes, seules, ne peuvent que plus difficilement s'offrir, préférant alors l'option d'une insertion "au rabais".

Mais l'exclusion du système qui caractérise davantage la population masculine que féminine, comme l'avait noté à juste raison Christine, semble se payer d'un prix très élevé pour un nombre croissant d'entre eux. Lorsque l'on observe la population des personnes Sans Domicile Fixe, il est frappant d'observer la forte disparité qui prévaut entre les sexes au détriment des hommes. Les femmes, en tant que mères, seraient alors davantage préservées de la grande exclusion, par le maintien, grâce la plupart du temps aux enfants, du lien social et familial.