4.1.3.2.2. LE BACCALAURÉAT COMME NIVEAU MINIMUM

Le Baccalauréat s'est peu à peu imposé comme le niveau scolaire minimum, celui auquel 80 % d'une classe d'âge sont censés parvenir depuis les années 90. Ceux et celles qui ne parviennent pas à obtenir ce niveau de formation, autrement dit 71 % des jeunes fréquentant la Mission Locale de l'Assintercom en 1996, et 81 % en 1995, se trouvent dès lors relégués dans la catégorie stigmatisée des 20 % de jeunes n'ayant pas atteint le niveau du baccalauréat. Et de fait, le "laissez-passer" que constitue le Baccalauréat peut permettre de rattraper des parcours scolaires marqués par l'échec, en ouvrant les portes des formations universitaires et technologiques, ce qui s'avérera toujours beaucoup plus compliqué pour qui n'est pas titulaire de ce précieux diplôme.

Les jeunes qui fréquentent les Missions Locales se caractérisent essentiellement par de faibles niveaux scolaires, même si depuis le milieu des années 90 les jeunes de niveau Baccalauréat et supérieur sont en progression constante. La qualification professionnelle, devenue une pièce maîtresse dans l'accès au marché du travail, constitue pour la plupart un défi d'autant plus difficile à relever que, comme nous l'avons vu tout au long de ce travail, elle s'inscrit au coeur de parcours d'insertion qui témoignent tous de la complexité des possibilités de qualification dans le cadre des dispositifs d'insertion. Qu'il s'agisse de la formation en alternance ou de la formation alternée, il ne suffit pas au jeune d'être animé d'une volonté de qualification professionnelle pour entamer un parcours qualifiant, il lui faut également accepter un ensemble complexe de règles du jeu qui constituent autant de mises à l'épreuve dans des parcours déjà fragilisés.

Nadine poursuit la reconstruction de son parcours d'insertion professionnelle en nous exposant une fois encore un échec scolaire qu'il lui aura fallu dépasser : ‘<<Mais c'est vrai que la fac j'ai été déçue, ça correspondait pas à mon caractère, si j'avais su j'aurais fait quelque chose qui se finisse en deux ans et au bout y aurait quelque chose de plus concret que la fac, mais bon en fait j'suis pas tellement déçue, bon, j'ai un bac +2, la fac ça m'a apporté une certaine culture générale, mais c'est vrai que ça me correspondait pas quoi, donc c'est pour ça qu'après j'ai décidé d'arrêter enfin, c'est oui et non, j'aurais bien aimé continuer en fac, parce qu'après ça se concrétisait un peu plus, c'était plus pratique mais c'est vrai que la licence c'était sur dossier et moi j'avais des notes, bon j'avais la moyenne, mais des notes trop moyennes pour pouvoir, les places étaient limitées en licence audiovisuel, c'était limité à cinquante places je sais plus, donc sur un nombre incalculable de gens qui avaient réussi leur DEUG, et donc j'avais pas été retenue>>’. Une fois encore, des résultats insuffisants vont écarter Nadine des objectifs qu'elle s'était fixée.