4.1.3.6. DE LA SOCIALISATION SCOLAIRE A LA SOCIALISATION PROFESSIONNELLE

Nadine va poursuivre l'entretien en évoquant la façon dont elle a vécu son passage de la vie scolaire à la vie professionnelle : ‘<<à l'école je vivais pas sur un nuage, mais bon je faisais pas attention véritablement, à la vie active, on vivait un peu dans un monde un peu fermé, bon ben c'est vrai le matin c'était pareil que le boulot, y a des matins j'avais pas envie d'aller en cours, c'est pareil, j'y allais, quoi, j'ai jamais fait, j'ai pas envie d'y aller donc j'y vais pas, je me suis toujours, pas forcée, mais je me suis toujours dit quand même que la vie c'était par moment des contraintes et que y fallait quand même s'y plier, j'avais le sentiment pareil à l'école de pas toujours avoir envie d'y aller, et c'était une histoire de profs, une histoire de cours, une histoire de sommeil, c'était divers, comme le boulot peut l'être>>.’ La socialisation au temps du travail se construit dès le temps scolaire, et c'est dès la prime enfance que la contrainte temporelle s'impose à l'enfant, généralement comme incontournable.

C'est en termes d'exclusion que Nadine pense le rapport du monde scolaire au monde professionnel, et pourtant l'un et l'autre ont pour caractéristique commune la socialisation de l'individu au temps socialement construit du rythme "professionnel". Nadine a la conscience aiguë d'une socialisation au temps du travail qui s'est imposée bien au-delà du seul cadre professionnel, et l'a obligée dès l'enfance à se plier à une contrainte temporelle qu'elle n'est toujours pas parvenue à incorporer.