4.2.1.2.1. TEMPS SOCIAL

Le travail est bien autre chose encore : ‘<<On trouve quelque chose d'autre dans le boulot, j'pense que c'est, ça fait parti de l'équilibre si on n'a pas de boulot et ben on est mal quelque part, c'est pour ça que y a des jeunes qui ont envie de faire des formations et au niveau motivation ils sont pas prêts (...) même si le centre de formation les prend, ils vont lâcher, parce qu'ils étaient pas préparés à ça, à reprendre un rythme, à rebosser huit heures par jour tout ce qui s'ensuit c'est pas évident, j'vois au départ, j'ai bossé à la raffinerie là ça faisait six mois que j'avais pas travaillé et c'était dur (...) quoi de reprendre le rythme quoi tout ce qui s'ensuit>>.’ Le travail c'est l'apprentissage d'une activité qui rythme le quotidien, qui permet à l'individu de se maintenir en "activité" dans un cadre qui dépasse largement le seul cadre professionnel, et doit permettre le cas échéant de s'adapter à un autre cadre, lui aussi soumis à un rythme calqué sur un modèle identique. Comme en ont déjà témoigné Latifa, Christine et Nadine, comme en témoignera Johan, et comme l'auront exprimé Nagette, Sofia, Fahra et Soufiane, le travail est donc implicitement posé comme une socialisation à un temps social spécifique qui déborde largement le seul cadre professionnel pour s'imposer à l'ensemble des sphères de la société qui y sont soumises. Se mettre en marge de cette socialisation temporelle qu'organise le monde professionnel c'est courir le risque d'une inadaptabilité à l'ensemble des autres sphères sociales.

La société salariale a construit un rapport normé au temps qui dépasse largement le seul cadre professionnel pour s'imposer comme modèle générateur de pratiques à l'ensemble des sphères de la société. Une fois encore, ce temps social va se construire comme problématique dès lors que momentanément mis en marge de ce temps social dominant, certains individus devront réintégrer son cadre normatif. Temps social construit qui ne va plus de soi dès lors que sa contrainte se relâche, la temporalité de la société salariale devient d'autant plus problématique qu'elle impose son rythme à des individus mis en marge de ce modèle salarié dominant.