4.2.2.2.2. PROCESSUS DE CATEGORISATION

Mais tout aussi intéressant encore est le déplacement de sens qu'opère à nouveau Sylvain lorsqu'il relate sa recherche de contrat de qualification. Il ne s'agit plus d'une <<formation>>, ni de <<n'importe quel boulot>>, il a désormais <<travaillé>>. Dans le premier cas, l'évocation du contrat de qualification s'inscrivait dans une reconstitution de parcours qui tentait de présenter une cohérence chronologique allant de la formation à l'emploi, et où le contrat de qualification pouvait donc prendre "logiquement" sens comme étape de <<formation>>. Dans le deuxième cas, le contrat de qualification est évoqué en référence à une période de recherche d'emploi. S'agissant alors de trouver une entreprise support de son projet de formation, le contrat de qualification prend sens en termes de <<boulot>> puisqu'il s'inscrit dans un objectif purement instrumental. Dans le dernier cas évoqué, le contrat de qualification se réfère à l'aboutissement réussi d'une recherche d'employeur dans le cadre d'un organisme de formation. Il a passé le <<concours>> de l'organisme et a été accepté, dès lors la partie "formation" du contrat de qualification n'est plus problématique. En revanche, trouver l'employeur est chose moins aisée. L'enjeu discursif de ce contexte d'énonciation est l'emploi. Il évoquera donc l'aboutissement de cette recherche de contrat de qualification en termes de travail - <<j'ai travaillé>>.

On saisit mieux dès lors la complexité des relations de sens qui se construisent autour de cette "forme particulière d'emploi" qu'est le contrat de qualification. Tout à la fois formation, petit boulot, travail, cette mesure d'insertion est au coeur d'un enjeu de définition de sens que Sylvain semble avoir bien du mal à stabiliser au fil des divers contextes d'énonciation.